Au début des années 1980, les premiers cas de sida apparaissent dans les pays occidentaux. Le virus sera identifié par des chercheurs de l’Institut Pasteur en 1983. Depuis, la connaissance du virus a progressé, et les manières de lutter contre aussi. S’il n’existe pour l’heure ni vaccin, ni traitement curatif, un traitement préventif est disponible depuis 2016 en France. La PrEP (prophylaxie pré-exposition), permet d’empêcher "le virus du VIH de se développer et de se fixer dès son entrée dans le corps, indique la Plateforme prévention Sida. Ce qui empêche le virus de survivre et permet à la personne de rester séronégative." En revanche, elle ne protège pas des infections sexuellement transmissibles : syphilis, hépatites, chlamydiæ, etc.
Comment cela fonctionne ?
La PrEP peut être prise de deux façons : soit quotidiennement, soit la veille d’un rapport sexuel, puis pendant les deux jours suivants. "Quand le médicament est bien pris selon le schéma indiqué, le risque de contamination est infime", souligne Aides. L’association explique que des applications ont été mises au point pour aider les personnes à bien respecter le traitement, notamment pour le deuxième mode de prise.
À qui est destinée la PrEP ?
Ce traitement innovant est recommandé pour les personnes les plus à risque d’être contaminées : les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les personnes trans ayant des relations sexuelles avec des hommes, les travailleurs et travailleuses du sexe ou les usagers de drogue par voie intraveineuse. En France, 32 000 personnes ont pu en bénéficier depuis 2016, dont 97% d’hommes. "Il faut qu’on puisse proposer la PrEP à beaucoup plus de femmes, de travailleurs du sexe et aux populations en difficulté", s’alarme le professeur Patrick Papazian, médecin-sexologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans le Parisien.
Comment l’obtenir ?
Pour avoir accès au médicament préventif, il faut avoir une prescription réalisée par un médecin d’un service hospitalier spécialisé dans la prise en charge du VIH ou d’un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd). Pour l’heure, le médecin traitant ne peut pas prescrire la PrEP. Toute prescription nécessite des rendez-vous trimestriels avec le médecin qui a réalisé l’ordonnance, pour vérifier qu’il n’y a pas d’effet secondaire, ni d’infection au VIH. Par ailleurs, la PrEP est prise en charge par l’Assurance maladie.
Une baisse des contaminations
"L’impact est très positif, les chiffres montrent qu’il y a enfin un infléchissement de la courbe de contamination", affirme Patrick Papazian au Parisien. Les effets positifs de la PrEP ont déjà été constatés à l’étranger : elle est autorisée depuis 2012 aux États-Unis, où le nombre de nouveaux cas de séropositivité a baissé de 49% entre cette date et 2016 dans la ville de San Francisco. Au Royaume-Uni, la diminution est de 18% entre 2015 et 2016. En France, une étude, relayée par Aides, réalisée à Paris, montre une baisse de 16% des nouvelles infections entre 2015 et 2018, et de 28% en ce qui concerne les hommes gays ou bisexuels. Cette baisse peut être expliquée, en partie, par le développement de l'accès à la PrEP.