Avoir une enfance heureuse, avec des parents aimants et des amis fidèles n’est pas un rempart contre les maladies mentales comme les troubles anxieux, la paranoïa ou la dépression.
C’est la conclusion d’une nouvelle étude menée par l’université d’Australie du sud en partenariat avec l’université de Canberra (Australie), récemment publiée dans la revue Current Psychology. Selon ses auteurs, les expériences positives et négatives vécues pendant la petite enfance jouent certes un rôle dans notre développement, mais elles ne sont les seuls déterminants dans l’apparition des troubles mentaux. Ils pensent que c’est plutôt notre capacité à nous adapter – ou plutôt à ne pas nous adapter – à des scénarios inattendus qui pourrait influencer la santé mentale.
Un environnement favorable n'est pas le seul facteur
En Australie, pays où l’étude a été réalisée, les chercheurs estiment que près de la moitié de la population sera confrontée à un moment ou à un autre de sa vie à une maladie mentale. Selon l’OMS, les maladies mentales affectent une personne sur cinq chaque année et une sur trois si l’on se réfère à la prévalence sur la vie entière. En France, on estime qu’une personne sur cinq, soit 12 millions de personnes, souffre actuellement d’un trouble mental.
Parmi elles, certaines ont été confrontées à des difficultés très tôt dans leur existence, ce qui a eu un impact sur leur mauvaise santé mentale, contribuant notamment à l’apparition d’un trouble dépressif ou d’une paranoïa. Mais parmi ces adultes, se trouvent aussi des personnes ayant grandi dans un environnement stable et favorable, et qui ont aussi développé des symptômes d’anxiété à l’âge adulte.
Notre capacité d'adaptation aux changements, facteur de santé mentale
Pour l’autrice principale Bianca Kahl, l'étude met en évidence la nature indiscriminée des maladies mentales et révèle des informations clés sur les facteurs de risque potentiels pour tous les enfants. "Alors que la prévalence des maladies mentales augmente, il est impératif que nous élargissions également nos connaissances sur cette condition très complexe et variée, estime-t-elle. Cette recherche montre que les conditions de santé mentale ne sont pas uniquement déterminées par les événements de la première enfance, et qu'un enfant élevé dans un foyer heureux pourrait encore grandir en ayant un trouble de santé mentale."
Bianca Kahl concède toutefois qu’à l’heure actuelle, tous les "facteurs pour comprendre comment l'environnement de notre enfance et les premières expériences de la vie peuvent se traduire par des résultats en matière de santé mentale à l'âge adulte" ne sont pas encore connus. Selon elle, ce sont avant tout "nos attentes concernant notre environnement et notre capacité à nous adapter à des scénarios où nos attentes ne sont pas satisfaites, qui peuvent influencer nos expériences de détresse". "Si, dans notre enfance, nous apprenons à nous adapter au changement et à faire face aux situations qui ne vont pas dans notre sens, nous serons peut-être mieux à même de réagir au stress et aux autres facteurs de risque d'une mauvaise santé mentale", avance-t-elle, soulignant que vérifier cette hypothèse sera au cœur de ses prochains travaux.