- Chaque année, ce sont environ 10 millions de tonnes de nourriture qui sont jetées en France.
- La première impression visuelle va déterminer notre choix et nos avis sur le goût du fruit.
- Les fruits abimés ont le même goût et peuvent, au pire, être utilisés dans des préparations comme des tartes
Notre cerveau nous joue des tours. Au moment de choisir ses fruits pendant les courses, il nous pousse, à tort, vers les fruits qui nous apparaissent les plus beaux en pensant qu’ils seront meilleurs. “Nous choisissons la nourriture en fonction de l'attente de son goût qui est liée à nos sentiments. Donc, si nous nous attendons à ce qu'une banane brune ne corresponde pas au goût d'une banane jaune, nous optons pour cette dernière”, poursuit Karin Wendin, professeur au département des sciences alimentaires de l'université de Copenhague et co-autrice d’une étude parue dans l’édition de janvier de la revue Food Quality and Preference sur le gaspillage alimentaire.
La première impression est décisive
Chaque année, ce sont environ 10 millions de tonnes de produits alimentaires qui sont jetées en France, dont 31% de légumes et 19% de fruits. “Les fruits meurtris ou de forme étrange peuvent facilement être utilisés, déplore la chercheuse. Ils ont généralement un goût aussi bon que des spécimens jolis. Et dans les cas où une pomme est meurtrie ou de texture un peu farineuse, on peut toujours l'utiliser pour le jus ou la tarte. Quand un morceau de fruit ‘moche’ est jeté, il devient un gaspillage alimentaire, ce qui est un gros problème - y compris financièrement. C'est pourquoi nous devons travailler à réévaluer nos sentiments à propos des fruits bruns et de forme étrange.”
Dans cette étude, 130 participants ont été invités à noter une série d'images de pommes d'apparence variable. Les pommes présentant des difformités et des imperfections se sont classées au bas du classement en termes de nombre de participants voulant les manger. Les participants ont ensuite dû goûter une pomme différente. C'est alors qu'il est devenu évident que la mauvaise première impression a influencé leur choix. “Lorsque les participants ont vu une photo d'une pomme laide, puis en ont goûté une qui était verte et parfaite, ils sont restés convaincus qu'elle avait un mauvais goût, a observé Karin Wendin. Cela montre à quel point nos émotions et notre psychologie prennent en compte les sensations gustatives. Nous nous souvenons des sentiments et des attentes négatifs plus que des positifs.”
Mieux communiquer
Les chercheurs estiment qu’il est nécessaire d’éduquer sur ces aliments pour limiter le gaspillage alimentaire. Ils réclament notamment que les supermarchés puissent communiquer plus clairement sur la manière d’éviter le gaspillage. “Dans l'état actuel des choses, la communication sur nos aliments - et sur ce qui est bon ou mauvais - ne fonctionne pas de manière optimale, insiste Karin Wendin. Les gens ne savent pas où trouver des conseils. Rares sont ceux qui consultent en ligne les recommandations diététiques sur le site Web de leur gouvernement. Saviez-vous, par exemple, qu'un fruit imparfait est souvent moins cher que ses voisins plus parfaits, même si les deux produits ont probablement le même goût ?”