Un “pas vital”. Voilà comment les chercheurs britanniques de l’université de Cambridge et de l’Imperial College de Londres ont présenté leur découverte. Ils sont parvenus à comprendre la fonction de la protéine alpha-synucléine, précédemment identifiée comme étant impliquée dans l’apparition de la maladie de Parkinson. Dans leur étude publiée le 10 février dans la revue Nature Communications, ils avancent que, lorsque cette protéine se dérègle, elle forme des amas qui se propagent dans le cerveau et tuent les cellules cérébrales saines.
L’action des membranes plasmiques entravée
Les chercheurs ont examiné ce qu’il se passe dans des conditions saines pour comprendre ce qui ne va pas dans les cellules des personnes atteintes de Parkinson. Toutes les cellules du corps ont une membrane plasmique qui protège les cellules et transporte généralement les nutriments et élimine les substances toxiques. Chez les personnes atteintes de cette pathologie neurodégénérative, la protéine alpha-synucléine entrave la fonction des membranes plasmiques et se met à tuer les cellules saines.
“Lorsque cette protéine fonctionne normalement, elle joue un rôle important dans les mécanismes par lesquels les neurones échangent des signaux dans le cerveau, précise Alfonso De Simone, l’un des auteurs de l’article. Mais elle a un côté sombre car quand elle fonctionne mal, elle commence à se coller et former des amas qui finissent par se propager et tuer les cellules cérébrales saines. Nos recherches ont montré que cette protéine s'accroche à la face interne de la membrane plasmique des cellules cérébrales. Nous construisons donc lentement une image de ce trouble très complexe en étudiant la fonction clé de l'alpha-synucléine.
S’attaquer aux origines de la maladie pour en inverser les effets
La capacité de l’alpha-synucléine à se coller sur la face interne de la membrane plasmique des cellules nerveuses constitue l’élément déclencheur de la maladie. “L'une des principales questions de la recherche sur Parkinson est la suivante : quelle est la fonction de l'alpha-synucléine, la protéine qui, dans des conditions pathologiques, forme des amas qui affectent les capacités motrices et cognitives ?, interroge Guliana Fusco, autrice principale de l’article. Habituellement, vous découvrez une protéine pour sa fonction et ensuite vous explorez ce qui ne va pas lorsque la maladie survient. Dans le cas de l'alpha-synucléine, la protéine a été identifiée pour son association pathologique mais nous ne savions pas ce qu'elle faisait dans le neurone. Nos recherches suggèrent que la protéine alpha-synucléine colle à la face interne de la membrane plasmique des cellules nerveuses mais pas vers l'extérieur, une nouvelle information cruciale.”
Les scientifiques estiment que cette découverte est très prometteuse et permet d’envisager un traitement capable de s’attaquer aux origines de cette maladie et donc d’en inverser les effets. Les traitements existants ne sont efficaces que pour atténuer les symptômes. “Nous avons des milliers de protéines dans notre corps et tant que la fonction de cette protéine mystérieuse n'est pas confirmée par plus de recherches, les thérapies médicamenteuses ne peuvent pas commencer à être développées pour s'attaquer aux origines de la maladie de Parkinson”, ont conclu les chercheurs.