- Parmi les 13 cas, 11 ont fait l'objet d'études plus poussées révélant que 6 personnes n'ont pas eu de symptômes et 5 ont présenté des signes de maladies respiratoires virales.
- Ces résultats suggèrent que dès les mois de novembre et décembre, le taux de contamination dans la population française est déjà de l’ordre d’un cas pour mille.
- Les chercheurs vont mener de nouvelles recherches pour savoir si le virus était déjà présent en septembre, voire en août.
Il vient de perdre son titre de "patient zero national": Amirouche Hammar, premier cas français identifié par un test PCR le 27 décembre 2019, n'est pas le premier cas officiel d'infection à la Covid-19 sur notre territoire. À partir de l’analyse rétrospective d’échantillons de 9 144 adultes collectés sur les 200 000 participants de la cohorte Constances (une vaste étude épidémiologique sur le coronavirus, NDLR), des chercheurs de l’Inserm ont identifié des tests positifs aux anticorps anti-SARS-CoV-2 plus anciens dans au moins 13 cas. Ces prélèvements ont été effectué entre le 5 novembre 2019 et le 30 janvier 2020. Des résultats qui jettent un grand doute sur la version officielle d’un départ de la pandémie depuis le marché de Wuhan, en Chine, en décembre 2019.
1 cas pour 1 000 en France dès novembre et décembre
Quelle est l’origine de la pandémie qui a tué plus de 2 millions de personnes et qui paralyse le monde depuis presque un an ? Une équipe de scientifiques de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dépêchée en Chine en janvier dernier a annoncé que rien n’indique qu’il y a eu une transmission du virus à Wuhan avant décembre 2019. Une conclusion qui interroge à la vue des résultats de l’étude menée par les chercheurs de l’Inserm et publiée le 6 février dans l’European Journal of Epidemiology. Celle-ci suggère une circulation précoce du virus en Europe, dès novembre 2019.
Parmi les 13 échantillons suggérant une infection à la Covid-19 entre novembre 2019 et janvier 2020, onze cas ont fait l'objet d'une enquête plus poussée, dont six n'ont signalé aucun symptôme au cours des semaines précédant le prélèvement de l'échantillon. “Cinq participants ont en revanche présenté des signes de maladies respiratoires virales, et huit ont été en contact étroit avec des personnes qui présentaient de tels signes ou ont signalé des situations à risque d'exposition potentielle au Sars-CoV-2”, précise l’Inserm dans un communiqué publié le 10 février.
La majorité des cas était de retour de voyage
“Ces résultats suggèrent que dès les mois de novembre et décembre, le taux de contamination dans la population française est déjà de l’ordre d’un cas pour mille, a conclu le professeur Fabrice Carrat, directeur de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm, Sorbonne Université) qui a mené l’étude, cité par Le Monde. Ces résultats ne montrent pas de surreprésentation de la maladie dans certaines régions. On semble trouver des cas de manière sporadique, un peu partout sur le territoire.”
Plus de la moitié de ces cas sont des gens qui ont voyagé ou ont été en contact avec des personnes malades. “L'un des cas avait voyagé deux mois en Asie et est revenu début décembre en France… Un autre est médecin, ce qui est aussi un facteur de risque”, dévoile Fabrice Carrat. Une femme d’une trentaine d’années, positive en novembre, a expliqué que son partenaire avait souffert d’une toux intense en octobre. Une autre, ayant voyagé en Espagne début novembre, avait été en contact avec un membre de sa famille ayant souffert d’une pneumonie d’origine inconnue entre octobre et décembre.
Plus de recherches pour étudier si le virus circulait en septembre, voire en août
La cohorte Constances, dont sont issus les échantillons, contient des données sanguines collectées de manière routinière depuis 2018 sur plus de 200 000 personnes amenant les chercheurs à tenter de remonter encore plus loin dans le temps. “La question que nous nous posons désormais, c’est de savoir si le virus était déjà en France en septembre et pourquoi pas en août, avance l’épidémiologiste Marie Zins, principale investigatrice de la cohorte. Nous cherchons les financements pour mener les analyses nécessaires.”
Le Monde conclut en affirmant que cette découverte ne remet pas en cause le fait que la souche “classique” du virus, c’est-à-dire avant l’apparition des variants, qui circule dans le monde est apparue fin 2019 dans la province chinoise du Hubei où est située la ville de Wuhan...