Il n’y a pas que le stress de la mère qui se transmet à l’enfant. Une recherche récente a révélé que l’anxiété de la mère pendant la grossesse augmente les niveaux de stress du bébé. Une nouvelle étude avance que le stress vécu par le père pendant son enfance se transmet lui aussi à son enfant et conduit au développement de faisceaux de substance blanche dans son cerveau. Menée par des chercheurs finlandais de l’université de Turku et publiée le 24 novembre dernier dans le JAMA Network Open, elle pose la question de l’héritage épigénétique.
L’influence du père sur l’enfant moins étudiée que celle de la mère
Plusieurs études récentes ont montré que les changements dans la fonction des gènes causés par l'environnement peuvent être hérités d'une génération à l'autre par les gamètes. Il a notamment été prouvé que la nutrition et le stress peuvent provoquer ces types de changements. Ces modifications n’altèrent pas la séquence nucléotidique de l’ADN mais bien la fonction des gènes par des mécanismes dits épigénétiques. Les récentes découvertes sur le rôle de l’épigénétique dans la régulation de la fonction des gènes ont conduit à de nouvelles considérations sur les mécanismes de l'hérédité. Ces transmissions ont généralement été étudiées de la mère à l’enfant mais très peu du père à l’enfant.
Dans cette recherche, les scientifiques ont découvert que le développement du cerveau du bébé est influencé par les traumatismes vécus par le père pendant son enfance. Pour arriver à ces conclusions, ils ont observé 72 familles et ont demandé aux pères de remplir un questionnaire nommé “échelle de traumatismes et de détresse” qui révèle le niveau de traumatismes dans cinq domaines : négligence émotionnelle, abus émotionnel, négligence physique, abus physique et abus sexuels. Les bébés, âgés de 2 à 5 semaines, ont ensuite passé une IRM avant de mener une anistropie fractionnelle de la matière blanche du cerveau qui permet une mesure de la densité des fibres.
Éclaircir la relation
Les résultats ont révélé que l’exposition du père au stress est liée à un développement plus rapide des faisceaux de substance blanche dans le cerveau de l’enfant. Constitués de “câbles” reliant différentes parties du cerveau, les axones des neurones, ces faisceaux jouent un rôle central dans le fonctionnement du cerveau. Cette relation entre l'exposition du père au stress et le développement des tractus de substance blanche de l'enfant est restée après avoir pris en compte le stress vécu par la mère pendant son enfance ainsi que d’autres facteurs possibles pendant la grossesse.
“Pour pouvoir déterminer si ces types de connexions sont réellement transmis par les changements épigénétiques dans les spermatozoïdes, nous avons commencé à recueillir des échantillons de sperme des pères et nous allons étudier ces marqueurs épigénétiques avec un groupe de recherche”, conclut le professeur Hasse Karlsson, chercheur principal.