En octobre dernier, La Voix du Nord rapportait que dans les Hauts-de-France, un centre de santé est devenu en quelques jours un cluster de la Covid-19. En cause, selon les autorités sanitaires : un individu à très haute charge virale qui aurait contaminé 53 personnes, dont 29 membres du personnel.
Mais qui sont ces "super-contaminateurs" qui expirent davantage de gouttelettes respiratoires et sont donc plus susceptibles que les autres patients de propager le SARS-CoV-2 ?
Une étude menée par des chercheurs de l'université de Tulane, de l'université de Harvard, du MIT et de l'hôpital général du Massachusetts apporte des éléments de réponse. Publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, elle montre que certains facteurs comme l'obésité, l'âge et le degré d’infection sont en corrélation une propension à contaminer davantage l’entourage.
20 % des malades responsables de 80 % des transmissions
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé les données de deux études : une première d’observation de 194 personnes en bonne santé et seconde expérimentale sur des primates non-humains atteints de Covid-19. En analysant les données de la première étude, les chercheurs ont découvert que les particules d'aérosol expirées varient grandement d'un sujet à l'autre. Les participants les plus âgés avec un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé et un degré croissant d'infection par Covid-19 présentaient trois fois plus de gouttelettes respiratoires expirées que les autres dans les deux groupes d'étude.
Par ailleurs, ils ont remarqué que seuls 18 % des sujets humains représentaient 80 % des particules expirées du groupe. Cela signifie donc que 20 % des personnes infectées sont donc responsables de 80 % des transmissions.
Des particules virales plus petites au plus fort de l’infection
Chez les primates, les gouttelettes d’aérosol ont augmenté à mesure que l'infection par Covid-19 progressait, atteignant des niveaux maximums une semaine après l'infection avant de retomber à la normale après deux semaines. Les chercheurs ont surtout noté qu’à mesure que l'infection par Covid-19 progressait, les particules virales devenaient plus petites, atteignant la taille d'un micron au plus fort de l'infection. Or, ces minuscules particules sont plus susceptibles d'être expulsées lorsque les personnes respirent, parlent ou toussent. Elles peuvent également rester en suspension dans l’air beaucoup plus longtemps, voyager plus loin et pénétrer plus profondément dans les poumons lorsqu'elles sont inhalées.
Fait intéressant, cette augmentation des aérosols expirés s’est aussi produite chez les personnes asymptomatiques.
Selon David Edwards, professeur de la pratique du génie biomédical à l'Université de Harvard et co-auteur de l’étude, la génération de gouttelettes respiratoires dans les voies aériennes varie d’une personne à l’autre en fonction de sa composition corporelle.
"Alors que nos résultats montrent que les jeunes et les personnes en bonne santé ont tendance à générer beaucoup moins de gouttelettes que les personnes plus âgées et moins en bonne santé, ils montrent également que chacun d'entre nous, lorsqu'il est infecté par la Covid-19, peut être exposé au risque de produire un grand nombre de gouttelettes respiratoires", conclut-il.