Selon les chercheurs de l'Université de Californie (Riverside), auteur du papier paru dans la revue Child Development Perspectives, 20% d’adolescents souffrent d'acné modérée à sévère et 85% connaissent des poussées récurrentes. Ces derniers rappellent que les femmes et les personnes à la peau foncée (dont beaucoup sont issues de minorités ethniques et raciales aux États-Unis) souffrent de manière disproportionnée des conséquences psychologiques de l’acné.
"Les femmes subissent des impacts psychologiques négatifs à un taux plus élevé que les hommes", notent-ils. Les adolescents à la peau foncée sont quant à eux susceptibles de souffrir des effets disproportionnés de l'acné en raison de l'incidence accrue des cicatrices post-acnéiques et de l'hyper-pigmentation.
"L'acné est omniprésente, physiquement inoffensive et indolore, mais nous sous-estimons trop souvent ses effets comme la nuisance par excellence de l'adolescence et de la puberté", estime Misaki Natsuaki, professeur de psychologie à l'Université de Californie du Sud, co-auteur du papier avec son confrère et collègue Tuppett Yates.
Difficultés à l'école et dans les interactions sociales
Les effets psychologiques de l'acné chez les adolescents sont souvent "toxiques", affirment les chercheurs. À commencer par les surnoms cruels et blessants dont ils peuvent écoper, tels que "face de pizza" ou "tête de calculette". "L'acné peut laisser des cicatrices psychologiques, en particulier pendant l'adolescence, lorsque l'apparence physique devient plus importante pour l'estime de soi, et que la psychopathologie internalisante comme la dépression prend de l'importance", souligne le Pr Natsuaki.
Les liens entre acné sévère et détresse psychologique ne sont en effet pas à prendre à la légère. La littérature scientifique consacrée à ce sujet a montré des liens directs entre l'acné et la dépression, l'anxiété et les pensées suicidaires. Les adolescents souffrant d'acné auraient également plus de difficultés à se faire des amis, à avoir des relations amoureuses et à s'intégrer à l'école.
"Selon les recherches en dermatologie, le fardeau psychologique de l'acné est comparable à celui d'autres maladies graves, comme le diabète", souligne le Pr Yates. "L'acné est une maladie dont les effets psychologiques sont évidents - des effets qui sont répartis de manière non aléatoire en fonction du sexe, de la couleur de la peau et du statut socio-économique", conclut ce dernier, considérant qu'un traitement contre l'acné digne de ce nom doit se situer "à l'intersection de la médecine, de la psychologie et de la sociologie."