- Des patients qui résistaient au traitement du mélanome par immunothérapie ont reçu une greffe fécale
- Les changements apportés à la composition de leur microbiome ont permis pour plusieurs d'entre-eux une réponse aux traitements
- C'est une nouvelle piste thérapeutique pour le traitement de certains cancers
Le microbiome intestinal pourrait être une cible thérapeutique contre le cancer. C'est la conclusion à laquelle aboutissent des chercheurs du National Cancer Institute et de l'Université de Pittsburgh qui ont utilisé la transplantation fécale sur des patients atteints de mélanome résistant à l'immunothérapie. Six d'entre-eux, sur quinze, ont connu une réduction de la tumeur ou une stabilisation de la maladie à long terme. Cette étude a été publiée le 4 février dans Science.
Ces six patients atteints d'un mélanome avancé n'avaient pas répondu dans un premier temps aux traitements d'immunothérapie, y compris lorsque ceux-ci étaient associés à d'autres médicaments. Après avoir reçu une transplantation de microbiote fécal d'un patient qui, lui, avait répondu à l'immunothérapie, ils ont montré une diminution des molécules du système immunitaire associées à la résistance au traitement et une augmentation des biomarqueurs associés à la réponse à ce traitement.
Aucune progression de la maladie
Concrètement, ces patients n'ont montré aucune progression de la maladie un an après cette greffe fécale qui a permis une meilleure réponse à l'immunothérapie. Les chercheurs ont observé chez eux des changements biologiques avec modification de la composition de leur microbiome expliquant ce phénomène.
"Les médicaments d'immunothérapie appelé inhibiteurs PD-1 et PD-L1 ont profité à de nombreux patients atteints de ce type de cancer mais nous avons besoin de nouvelles stratégies pour aider ceux dont les cancers ne répondent pas", explique le Dr Giogio Trinchieri, participant à cette étude. D'où l'idée de cet essai clinique à partir d'une greffe fécale.
Les greffons ont été recueillis auprès de patients eux aussi atteints de cancers de la peau avancés et qui avaient répondu au pelmbrolizumab (un médicament d'immunoihérapie). Ils ont été analysés pour s'assurer qu'ils ne pouvaient pas transmettre d'agents infectieux et ont été administrés aux malades participant à l'essai par coloscopies.
Un nombre accru de bactéries associées à l'activation des lymphocytes T
"Les résultats obtenus montrent que l'introduction de certains micro-organismes fécaux dans le colon d'un patient peut aider ce dernier à répondre aux médicaments qui améliorent la capacité du système immunitaire à reconnaître et à tuer les cellules tumorales", souligne le Dr Trinchieri. Après analyse du microbiome des six patients dont les cancers s'étaient améliorés ou stabilisés, il est apparu que celui-ci montrait un nombre accru de bactéries associées à l'activation des cellules immunitaires lymphocytes T.
"Si de nouvelles recherches permettent d'identifier les micro-organismes essentiels pour une bonne réponse à l'immunothérapie, il sera peut-être possible de les délivrer directement aux patients qui en ont besoin sans avoir recours à la transplantation fécale", a conclu Giorgio Trinchieri.