Les industriels du tabac peuvent se frotter les mains ! La bataille qui devait se jouer la semaine prochaine à Bruxelles pour se prononcer sur l'avenir du tabac en Europe n'aura pas lieu. « Le Parlement européen a repoussé son vote sous pression de Philip Morris qui souhaite tuer cette directive et ne veut pas qu'on la vote », confie à pourquoidocteur le pneumologue Bertrand Dautzenberg, auteur du rapport sur la e-cigarette.
La députée européenne du groupe des Verts, Michèle Rivasi, précise que ce vote est repoussé au 8 octobre. « Ce report de vote est le signe d'une nouvelle victoire des lobbies de l'industrie du tabac ». Selon elle, le groupe Philip Morris aurait engagé pas moins de 161 lobbyistes actifs rien que sur la communauté européenne. « Ils osent dégainer l'arme du chantage à l'emploi, alors que la tabac est la première cause de mort évitable en Europe, avec ses 700 000 morts par an. Soit 200 morts par jour en France, l'équivalent d'un avion s'écrasant tous les jours », martèle la députée.
Il est vrai que cette directive, si elle est adoptée, pourrait porter un coup sévère à cette puissante industrie. La Commission envisage notamment un nouveau design pour les paquets de cigarettes, moins incitatif et avec des avertissements relatifs à la santé qui couvriraient au moins 75% des paquets de cigarettes. Commercialisés en Australie, ces paquets neutres inquiètent les fabricants de tabac, comme le rappelle Karine Gallopel-Morvan, maître de conférences en marketing social à l’Ecole des hautes études en santé publique. « En affichant ces photos et ces phrases chocs à l'avant du paquet, on augmente leur visibilité. La mesure serait de ce fait largement plus dissuasive auprès des fumeurs. »
Autre mesure prévue dans la directive, la disparition des cigarettes fines (diamètre inférieur à 7,5mm) et des paquets empruntant une forme de rouge à lèvres.
Enfin, les auteurs souhaitent, d'une part, « empêcher l'utilisation d'additifs et d'arômes dans les produits du tabac qui rendent le produit plus attrayant (fraise, menthol) et, d'autre part, « proscrire les emballages trompeurs, suggérant que certains produits du tabac seraient moins nocifs que d'autres ou qu'ils auraient un effet positif sur la santé ou le style de vie. » Cette directive devra également fixer le sort de la e-cigarette et la bataille s'annonce rude sur son statut : produit de consommation ou médicament ?