- Le suivi de plus de 500 sujets montre que l’athérosclérose est associée à un faible métabolisme des régions du cerveau impliquées dans le déclin cognitif
- En cas d'athérosclérose, le risque est à surveiller avant même l'apparition des premiers symptômes de démence
Pour prévenir l’apparition d’un déclin cognitif dans quelques années, mieux vaut dès à présent acquérir des habitudes saines pour prendre soin de ses artères.
C’est, en substance, la conclusion d’une nouvelle étude menée au Centro Nacional de Investigaciones Cardiovasculares (CNIC) en Espagne, et publiée dans le Journal of the American College of Cardiology. Selon ses auteurs, il existe un lien entre les maladies cardio-vasculaires, notamment l’athérosclérose, et les troubles cognitifs. Et ce, des années avant l'apparition des premiers symptômes cliniques de l'une ou l'autre de ces maladies. D’où l’importance de mettre en œuvre des stratégies de prévention cardiovasculaire primaire à l'âge moyen comme approche thérapeutique afin de ralentir, voire de stopper, les altérations cérébrales qui pourraient contribuer au déclin cognitif futur.
Un ralentissement du métabolisme cérébral
De précédents travaux avaient déjà montré que les stades avancés des maladies vasculaires et de la démence se produisent généralement ensemble. Mais jusqu’à présent, cette association n’avait pas été documentée aux stades antérieurs.
Ces nouveaux travaux montrent que même avant l’apparition de tout signe clinique, l’athérosclérose est associée à un faible métabolisme dans les régions du cerveau impliquées dans le développement de la démence. Les chercheurs ont utilisé l’imagerie avancée par tomographie par émission de positrons (TEP) afin de quantifier le métabolisme cérébral chez plus de 500 sujets. Ces derniers avaient un âge moyen de 50 ans et ne présentaient aucun symptôme, mais avaient déjà des signes d'athérosclérose dans leurs artères.
"Nous avons constaté qu'un risque cardiovasculaire plus élevé chez des personnes d'âge moyen apparemment en bonne santé était associé à un métabolisme cérébral plus faible dans les régions pariétotémorales impliquées dans la mémoire spatiale et sémantique et dans divers types d'apprentissage", détaille le Dr Cortés Canteli, co-auteur des travaux.
Plus spécifiquement, "les régions du cerveau présentant un faible métabolisme chez les participants à risque cardiovasculaire plus élevé sont les mêmes que celles touchées par la maladie d'Alzheimer", note le Dr Juan Domingo Gispert, chef du groupe de neuro-imagerie au BBRC. Cela suggère selon lui que "ces personnes pourraient avoir une vulnérabilité plus élevée que la normale à cette maladie".
Hypertension et athérosclérose comme facteurs de risque
Les auteurs de l’étude notent que certains facteurs de risque cardiovasculaire sont impliqués dans le déclin cognitif. C’est le cas de l’hypertension. "Nous avons découvert que les mêmes facteurs de risque qui endommagent le cœur et les grandes artères, et surtout l'hypertension, sont étroitement liés à la diminution du métabolisme cérébral des années avant l'apparition des symptômes", explique le Dr Fuster.
Ils ont également constaté qu'un nombre plus élevé de plaques dans les artères carotides, qui transportent le sang vers le cerveau, était associé à un métabolisme cérébral plus faible dans des zones du système limbique et du lobe pariétal, qui sont tous deux intimement liés au développement de la maladie d'Alzheimer.
"Il existe de nombreuses preuves établissant un lien entre les facteurs de risque cardiovasculaire et la maladie d'Alzheimer. Si nous parvenons à comprendre plus précisément cette relation aux stades asymptomatiques de la maladie, nous serons en mesure de concevoir de nouvelles stratégies de prévention de la maladie d'Alzheimer, à la hauteur du succès des stratégies actuelles de prévention des maladies cardiovasculaires", estime le Dr Juan Domingo Gispert.