C’est un confinement extrême que s’apprêtent à vivre 14 volontaires. Le 7 mars prochain, ils vont vivre pendant 40 jours enfermés dans une grotte en Ariège sans montre ni lumière naturelle. Organisée par des chercheurs du CNRS, de l’Inserm et de l’ENS, sous le haut patronage du Ministère de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur, l’expérience baptisée “Deep Time” vise à analyser les comportements du cerveau face à une situation où il est privé de tout repère temporel.
Une multitude de données collectées
À l’origine de cette expérience se trouve l’explorateur franco-suisse Christian Clot, également chercheur depuis plusieurs années sur les capacités d’adaptation du cerveau. L’an dernier, en collaboration avec l’Institut de l’adaptation humaine également présente sur ce nouveau projet, il a mené une étude concluant que plus de 40% des Français ont “perdu de la notion du temps et de la capacité de projection” à cause de la situation sanitaire et des mesures restrictives. Un résultat qui l’a fait réfléchir et l’a amené à imaginer une étude qui va le conduire à se terrer avec treize autres volontaires sans notion du temps ni lumière.
Les volontaires sont tous issus de la société civile. On y trouve un biologiste, une infirmière, un professeur de maths, une psychomotricienne, un médecin urgentiste, un chauffeur de bus, une guide trek ou encore une bijoutière. Chacun des participants sera munis de capteurs et va descendre dans la grotte de Lombrives, en Ariège, à environ 1 km de l’entrée de la cavité. Ils seront suivis par une dizaine de scientifiques regroupés dans une base au-dessus de la grotte. Leur cerveau sera observé grâce à une IRM. Leur rythme cardiaque et leur sommeil seront disséqués, et des prélèvements sanguins et salivaires sont prévus. Ils devront également répondre à des questionnaires pour mesurer leur état d’esprit, émotions et leur sociabilité.
Coupés du monde
Les participants n’auront aucun contact avec le monde extérieur. L’accès au temps et à la lumière du jour leur seront interdits. Les ordinateurs et tablettes qui seront disposés pour collecter les données vont être configurés de façon à ne pas indiquer l’heure ni la date. “Notre système va totalement se dérégler, a prédit Christian Clot au cours de la présentation en ligne de l’expérience. Le petit groupe humain reconstitué sous terre va perdre la notion de temps et va devoir trouver des solutions. Mais alors comment va-t-il se synchroniser et fonctionner ensemble ?” Réponse mi-avril, après 40 jours passés sous terre.