- Jusqu'au 7 mars le CESE recueille les avis sur le passeport vaccinal, de "très favorable" à "très défavorable"
- Le gouvernement estime que le débat est "prématuré"
- Les décisions prises par d'autres pays européens pourraient rendre ce passeport obligatoire de fait pour voyager
"Que pensez-vous du passeport vaccinal ?". La réponse des Français est attendue jusqu'au 7 mars par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui vient de lancer cette consultation citoyenne. Le choix proposé à ceux qui souhaitent participer à cette consultation (sur l'adresse internet : participez.lecese.fr) est de cinq niveaux de réponse allant, logiquement, de "très favorable" à "très défavorable" pour savoir si le fait d'être vacciné contre la Covid-19 vaudrait laissez-passer pour accéder à des lieux comme les restaurants, les cinémas, les musées ou les stades.
Cette consultation est lancée alors que le sujet du passeport vaccinal est de plus en plus au coeur du débat. Alain Fisher, président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, a jugé utile de préciser que la consultation organisée par le CESE ne déboucherait que sur une "recommandation qui ne veut pas dire décision, le pouvoir politique gardant sur ce point toute sa liberté".
Un sésame pour voyager
Soit. Mais au moment même où démarre cette consultation, ses résultats pourraient venir appuyer ou contrarier des avis gouvernementaux qui commencent à s'exprimer sur le sujet, y compris pour ce qui concerne l'éventuelle mise en place de ce passeport vaccinal comme sésame pour pouvoir voyager hors de nos frontières. Officiellement, le gouvernement, par la voix de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, fait savoir qu'il juge ce débat "prématuré". "L'idée de restreindre les flux aux personnes qui sont vaccinées est un débat prématuré puisque 4 à 5% seulement de la population européenne est vaccinée et ce sont les publics les plus fragiles et pas ceux qui le plus spontanément peuvent voyager", a-t-il précisé mardi 16 février. Et le secrétaire d'Etat au tourisme a ajouté que "le fait de conditionner le déplacement au fait d'être vacciné est un sujet éthique et pas un petit sujet".
Une prudence qui n'est pas partagée par tous les responsables politiques. "Quand les vaccins seront disponibles et que toute la population pourra être vaccinée, le passeport sanitaire sera nécessaire", a ainsi affirmé Renaud Muselier, président de la région PACA.
Des discussions au sein de l'Union Européenne
Alors que les discussions en cours sur une reconnaissance mutuelle des certificats de vaccination par les 27 pays de l'Union Européenne n'ont à ce jour pas abouti, plusieurs d'entre-eux ont déjà annoncé qu'ils envisageaient de conditionner l'accès à leur territoire à un passeport vaccinal. C'est le cas de l'Espagne, de l'Italie, de la Suède, du Danemark et de l'Estonie. La Grèce, elle, est même allée plus loin en signant avec Israël un accord pour la libre circulation de leurs ressortissants conditionnée à l'existence de ce passeport. Et on voit mal les autorités helléniques, après cette initiative, agir autrement avec d'autres pays, y compris à l'intérieur de l'Union Européenne.
Ce qui fait dire à un membre du gouvernement français cité par l'hebdomadaire Valeurs Actuelles : "Quand tous nos voisins européens l'auront mis en place, on n'aura pas le choix pour voyager et éviter les quarantaines; le jour où 20% de la population française refusera de se faire vacciner, il faudra qu'ils assument !".
Le sujet divise les responsables politiques
Certes, une telle mesure devra de toute façon attendre que dans chacun de ces pays les campagnes de vaccination aient abouti et que tous ceux qui le souhaitent aient pu avoir accès au vaccin. Pour le cas de la France, cette échéance a été fixée par Emmanuel Macron à "d'ici la fin de l'été 2021".
Restera ensuite à trouver un consensus sur ce passeport vaccinal. Si, pour ce qui est des voyages, les décisions prises par d'autres pays pourraient l'imposer de fait aux voyageurs français -comme c'est déjà la cas pour d'autres vaccins, notamment celui contre la fièvre jaune pour certaines destinations-, le laissez-passer vaccinal en France pour les lieux culturels ou sportifs, les restaurants, voire les transports en commun continue de diviser les responsables politiques. Le président du parti centriste UDI, Jean-Philippe Lagarde, a déclaré qu'il y était favorable. Mais beaucoup d'autres renvoient à la nécessité d'un débat parlementaire "scientifique et éthique" ... même si l'affaire sera évidemment politique puisque la mise en place d'un passeport vaccinal pourrait être considérée -quels que soient les résultats de la consultation lancée par le CESE- comme une façon détournée de rendre le vaccin anti-covid obligatoire. Contrairement à l'engagement pris sur ce point par le président de la République.