- Les chercheurs ont identifié 22 gènes dont la production d'ARN permet de connaître l'évolution de la tuberculose et ainsi d'estimer la durée du traitement.
- Cette découverte ouvre la voie à une approche individualisée du traitement de la tuberculose, ce qui pourra diminuer le risque de rechute, qui se produit actuellement dans près d'un cas sur dix.
Bien qu’il existe depuis près d’un siècle un vaccin contre la tuberculose, cette maladie infectieuse, provoquée par une bactérie très résistante, Mycobacterium tuberculosis ou bacille de Koch, continue encore aujourd’hui d’être l’une des dix premières causes de mortalité dans le monde. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 10 millions de personnes ont contracté la tuberculose à travers le monde en 2019, et 1,4 million en sont mortes.
Dans 8 à 10 % des cas environ, se produit une rechute tuberculeuse, alors que l’on pensait la maladie "guérie" ou que le traitement standard, d’une durée de six mois, était achevé. Pour les cas très résistants, une durée de traitement de plus de 18 mois est actuellement conseillée.
Mais comment connaître à l’avance la durée du traitement pour chaque malade et ainsi adopter une approche individualisée ? Des chercheurs du Centre allemand de recherche sur les infections (DZIF) en coopération avec le Centre allemand de recherche sur les poumons (DZL) ont trouvé la réponse. Dans une étude publiée dans le European Respiratory Journal, ils expliquent avoir découvert un biomarqueur permettant de mettre en place pour chaque patient atteint de tuberculose une durée de traitement individualisée.
22 gènes impliqués dans la guérison
Pour cela, ils ont mis au point un modèle de fin de thérapie basé sur la détermination de l'ARN dans le sang sur la base de cinq cohortes de patients différentes. Tous les participants aux cohortes avaient contracté la tuberculose, en partie à cause de formes non résistantes, en partie à cause de formes résistantes
Parmi plusieurs milliers de gènes étudiés, 22 ont été identifiés comme étant en corrélation avec l'évolution de la maladie. "La production d'ARN de ces 22 gènes dans le sang humain peut nous dire si le patient est guéri", affirme le Dr Jan Heyckendorf, co-auteur principal des recherches. "Il s'agit d'une signature ARN de 22 gènes identifiés sur deux cohortes et validés sur trois autres cohortes", ajoute le scientifique.
Individualiser les traitements pour mieux guérir la tuberculose
Selon les chercheurs, "l'individualisation de la durée du traitement est un jalon important sur la voie de la médecine de précision pour la tuberculose". Prochaine étape de leurs travaux : déterminer si leur approche est la bonne en offrant d’abord aux patients d’un premier groupe un traitement aussi longtemps que le biomarqueur le suggère, tandis que les patients d’un autre groupe reçoivent un traitement d’une durée recommandée par le programme national de lutte contre la tuberculose. Les scientifiques veulent ainsi voir si le biomarqueur permet une durée de traitement plus courte. "Nous espérons qu'il sera alors possible pour les patients atteints de tuberculose multirésistante d'économiser environ un tiers du traitement en moyenne."