"Une réponse naturelle et attendue à une crise de santé publique prolongée", provoquée - entre autres - par les "mesures restrictives ayant un impact sans précédent sur la vie quotidienne de chacun". C’est la définition de la fatigue pandémique, proposée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans le document "Lassitude face à la pandémie : remotiver la population pour prévenir la Covid-19". Car tout l’enjeu est là : remotiver la population, lasse des mesures sanitaires qui limitent les vies sociale, sportive, culturelle, mais aussi les possibilité de se projeter, de s’organiser… Nombre de personnes rapportent des troubles de la concentration, du sommeil ou encore du stress et de l’anxiété. L’OMS s’inquiète et sensibilise les citoyens et leurs gouvernants afin qu’ils tiennent compte de ce phénomène.
Au-delà du risque sanitaire, les individus craignent aussi les conséquences économiques de la crise de la Covid-19 qui pourraient les impacter directement, s’ils perdent leur emploi et/ou subissent une baisse de leurs revenus. L’OMS veut que cette fatigue pandémique soit admise et reconnue de tous pour mieux lutter contre, car elle peut être dangereuse. En effet, certains pourraient avoir une attitude de rejet face aux mesures sanitaires. Ainsi, en ne respectant plus la distanciation ou la limitation des rencontres sociales, ils pourraient contribuer à une prolifération accrue du virus. Un risque réel mais qu’il ne faut néanmoins pas généraliser ou stigmatiser. Ceux qui finiraient par adopter ce comportement restent des individus qui souffrent.
Prendre soin de soi pour limiter la fatigue pandémique
Pour limiter cette fatigue pandémique, il faut prendre soin de soi. Lors des journées de télétravail, il faut s’accorder de vrais temps de pause en s'obligeant, par exemple, à prendre une ou deux heures complètes pour déjeuner le midi. Et pourquoi pas faire une promenade digestive après le repas qui changera le rythme de la journée. Lors des temps de repos, il faut essayer de trouver de nouvelles activités à faire seul ou en famille : apprendre une langue ou un instrument, organiser des ateliers cuisine, des jeux de société, etc. Ces pratiques permettront de diversifier les activités et de réduire la sensation de quotidien pesant.
En cas de mal être, consulter son médecin
Sur le plan psychologique, les individus peuvent limiter la fatigue pandémique en essayant de voir le positif de chaque situation plutôt que le négatif. Et, surtout, ne pas ressasser les mauvaises choses. D’autre part, avec les mesures sanitaires, les individus passent forcément plus de temps chez eux que d’ordinaire. Le mieux est de profiter de ce moment pour faire le point sur soi et se féliciter de la façon dont nous faisons face à la crise, aussi bien collectivement qu’individuellement. En somme, prendre le temps de penser à soi et à ce que l’on a accompli. Mais si l’angoisse, le stress, la tristesse et autres symptômes psychologiques persistent, il faut en parler avec son médecin. Celui-ci pourra vous rediriger vers les bons spécialistes et services, tel que le numéro d'information sur le coronavirus (0800 130 000) qui dispose d’une plateforme d’écoute.
Les États doivent reconnaître la fatigue pandémique
Mais cette démarche pour aller mieux ne doit pas être qu’individuelle. C’est pour cette raison que l’OMS incite les États à réagir. Le premier conseil est de rendre les décisions et les recommandations sanitaires claires et compréhensives. Pour cela, les gouvernants doivent s’efforcer d’être les plus transparents possibles. En effet, des polémiques comme celle du port du masque - un temps décrit comme inutile puis imposé à l’ensemble des Français - ont contribué à installer un sentiment de défiance dans la population. Celui-ci peut aussi contribuer à démotiver les citoyens dans le respect des mesures sanitaires. L’OMS recommande aussi aux États d’informer, le plus souvent possible, la population sur l’avancée de la situation épidémique, lors de points presse réguliers. Le but est d’expliquer l'évolution du contexte sanitaire pour que les mesures soient mieux comprises et acceptées. Enfin, l’OMS incite les gouvernants à impliquer la population dans les solutions à trouver. Cela pourrait passer par des consultations citoyennes locales, qui seraient ensuite remontées au niveau national. Une logistique difficile à mettre en place mais qui pourrait aider les Français à mieux vivre cette crise.