Plus les études avancent, plus les scientifiques découvrent des pouvoirs au microbiote intestinal. Les chercheurs de l’Institute for Systems Biology, aux États-Unis, viennent d’en trouver deux nouveaux : le vieillissement en bonne santé et l’allongement de l’espérance de vie. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Metabolism. Pour parvenir à ces conclusions, ils ont analysé le microbiote intestinal et les données cliniques de plus de 9 000 patients, âgés de 18 à 101 ans.
Des microbiotes intestinaux différents à la fin de l’âge adulte
Le microbiote intestinal caractérise l'ensemble des micro-organismes vivant dans l'intestin : bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes. Le microbiote intestinal influence une grande partie de l’organisme, comme le système immunitaire, le cerveau, le système cardio-vasculaire ou encore le système osseux… Mais, jusqu’à présent, les chercheurs ne connaissaient pas son rôle dans le processus de vieillissement. C’est donc sur cette question que les scientifiques de l’Institute for Systems Biology ont travaillé. Le but était de déterminer les caractéristiques du microbiote qui permettraient aux individus de vivre plus longtemps et en meilleure santé. Selon eux, à mesure que les patients en bonne santé vieillissent, leurs microbiotes intestinaux deviennent de plus en plus singuliers, c’est-à-dire différenciés des autres.
Des composés organiques qui augmentent l'espérance de vie
Dans les analyses de ces microbiotes intestinaux singuliers, les chercheurs ont trouvé plusieurs éléments pouvant expliquer le vieillissement en bonne santé. Il s’agit, par exemple, de l’indole, un composé organique aromatique présent dans le plasma sanguin de ces patients. L’indole est un dérivé du tryptophane, qui pourrait allonger l’espérance de vie. En effet, de précédentes études ont montré que le tryptophane prolongeait la vie des souris en laboratoire. Un autre composé organique, la phénylacétylglutamine, a aussi été retrouvé dans les analyses sanguines des patients ayant des microbiotes plus différenciés avec l’âge. Là aussi, de précédents travaux avaient démontré que le taux de phénylacétylglutamine dans le sang des centenaires était très élevé. Un microbiote singulier pourrait donc allonger la durée de vie des patients car les chercheurs ont montré que la composition du microbiote chez les individus d’environ 80 ans en bonne santé était unique. Alors que ce n’était pas le cas chez les individus en mauvaise santé.
Un microbiote intestinal unique est un gage de bonne santé
"Les changements du microbiote ne sont pas simplement un diagnostic de vieillissement en bonne santé, mais ils influencent aussi directement la santé (des individus) à mesure que nous vieillissons", a déclaré Tomasz Wilmanski, chercheur de l’Institute for Systems Biology et qui a dirigé l’étude. L’indole est par exemple connue pour réduire l'inflammation de l'intestin. Les scientifiques américains pensent que l'inflammation chronique est un facteur majeur de la progression des maladies liées au vieillissement.
Le microbiote évolue tout au long de la vie
Les chercheurs affirment qu’en vieillissant, le microbiote intestinal de l'adulte continue de se développer chez les individus en bonne santé, mais pas chez les individus en mauvaise santé. Ils ajoutent que la composition du microbiote intestinal des jeunes patients en bonne santé - du début au milieu de l’âge adulte - n’est pas la même que celle des personnes en bonne santé à la fin de l'âge adulte. "Il s'agit d'un travail passionnant qui, à notre avis, aura des implications cliniques majeures pour la surveillance et la modification de la santé du microbiote intestinal tout au long de la vie d'une personne", a conclu le Dr Nathan Price, co-auteur de l'article.