Les poissons qui ingèrent le prozac diffusé dans les océans perdent toute "individualité", selon une nouvelle étude de l'Université d'Australie-Occidentale, publiée dans le journal scientifique Proceedings of the Royal Society B.
Les médicaments restent biologiquement actifs dans les écosystèmes aquatiques
"Au cours des deux dernières décennies, la variété et la concentration des produits pharmaceutiques dans l'environnement ont considérablement augmenté", expliquent les chercheurs en introduction. La plupart des produits pharmaceutiques, y compris les médicaments psychoactifs tels que les antipsychotiques, les anxiolytiques et les antidépresseurs, ne sont que partiellement absorbés après ingestion. Une fois excrétés, les médicaments ne sont pas entièrement éliminés par le traitement des eaux usées, et se retrouvent dans l'environnement. "Ils restent biologiquement actifs dans les écosystèmes aquatiques. En conséquence, la pollution par les médicaments psychoactifs est désormais omniprésente dans les écosystèmes aquatiques du monde entier, pénétrant dans les réseaux alimentaires et s'accumulant dans les organismes vivants", déplorent les scientifiques.
Pour évaluer l’impact de ces polluants, ils ont observé pendant deux ans le comportement de guppys, des poissons de la famille des Poeciliidae. Ils les ont soumis à une concentration de fluoxétine (Prozac) faible, égale à celle dans les océans, puis élevée.
Diminution des différences comportementales entre les poissons
Bilan : "nous avons observé une diminution des différences comportementales entre les poissons corrélés aux concentrations croissantes de pollution pharmaceutique, avec des réductions spectaculaires de l'expression comportementale des poissons à mesure que l’on augmentait l’exposition au prozac", concluent les scientifiques.
Le Prozac est un antidépresseur, indiqué également pour différents troubles d'anxiété. Il fait partie des médicaments les plus prescrits aujourd'hui en France, une tendance renforcée par la crise sanitaire du coronavirus.