- Un sondage réalisé par une plateforme de recrutement montre que les Français seraient favorables à une vaccination anti-Covid obligatoire en entreprise
- Un sondage réalisé par une plateforme de recrutement montre que les Français seraient plutôt favorables à une vaccination anti-Covid obligatoire en entreprise
- Mais paradoxalement, 82% affirment qu'il ne faudrait pas interdire l'accès au travail des non-vaccinés
- La question de l'intrusion des entreprises dans la santé de leurs collaborateurs fait débat aux Etats-Unis
Un passeport vaccinal pour pouvoir travailler... Si l'idée d'un certificat de vaccination contre la Covid-19 semble faire son chemin pour voyager, voire accéder à des lieux culturels, des établissements sportifs ou même se rendre au restaurant semble faire son chemin, devra-t-on un jour le présenter pour travailler? Dans un sondage réalisé par la plateforme de recrutement Qapa auprès de ses inscrits, plus d'un Français sur deux (52%) se disent favorables à une vaccination obligatoire dans les entreprises ... même si 82% refusent l'idée d'interdire l'accès à leur travail de ceux qui ne seraient pas vaccinés et qu'à peu près la même proportion se déclarent "contre" un licenciement pour refus de vaccination.
Cette enquête, au-delà de ce qu'elle révèle sur la progression de l'adhésion à la vaccination et aussi sur la crainte du risque de contamination sur les lieux de travail, voire sur le souhait de beaucoup de retrouver des conditions "normales" de leur exercice professionnel, pose en tout cas le problème de la relation entre les entreprises et leurs employés sur le registre de la santé.
Collecte des paramètres de santé
La crise sanitaire, comme le révèle un article publié le 22 février par l'Agence France Presse, a vu se multiplier les applications et dispositifs capables de collecter les paramètres de santé. Le grand rendez-vous du Consumer Electronics Show a illustré l'inflation des innovations pour limiter la transmission du virus. Les géants du digital n'avaient pas attendu : le spécialiste des objets connectés Fibit (une propriété de la firme Google) a ainsi mis au point un programme intitulé "prêt à travailler" qui permet une analyse quotidienne de l'état de santé via les données collectées par ses appareils; IBM et Salesforce se sont associés pour lancer un "laissez-passer de santé numérique" avec des informations sur la vaccination ou l'état de santé qui peuvent s'échanger à partir d'un smartphone; Microsoft a développé avec un assureur américain une application qui réalise un dépistage quotidien des symptômes; moins intrusif mais très centré sur la surveillance, un "assistant à distance" déployé par Amazon "aide" les employés du géant du commerce en ligne à maintenir les distances de sécurité ...
Autant d'outils que pourraient utiliser des employeurs pour contrôler l'état de santé de leurs salariés. Et de quoi inquiéter tous ceux qui sont attachés au respect de l'anonymat des données de santé et des libertés individuelles. "L'intrusion dans la vie privée à laquelle sont confrontés les travailleurs est alarmante, d'autant que l'efficacité de ces technologies pour atténuer la propagation de la Covid-19 n'a pas été établie", souligne ainsi un rapport publié par le groupe de défense des consommateurs américain Public Citizen.
Un équilibre délicat entre sécurité et respect de la vie privée
Sur le point précis de la vaccination anti-Covid, "les employeurs sont confrontés à un équilibre délicat pour assurer la sécurité au travail sans empiéter sur la vie privée, note Forest Briscoe, professeur à l'université de Penn State, s'il y a des raisons légitimes pour exiger une preuve de vaccination, elles sont parfois en conflit avec les règlementations concernant le secret médical qui limitent l'accès d'une entreprise aux données de santé de ses salariés". Et cet expert de souligner que "pour certaines des entreprises technologiques, leur modèle commercial implique la collecte de sonnées et leur utilisation à des fins monétisables, ce qui représente un risque pour la vie privée".
Des préoccupations partagées par l'ACLU, une association de défense des droits civiques aux Etats-Unis. "Les employeurs ont un intérêt légitime à protéger les lieux de travail et à maintenir les employés en bonne santé dans le contexte de la pandémie. Mais ce qui m'inquiète, c'est que certains utilisent cette pandémie pour recueillir et stocker des informations au-delà de ce qui est nécessaire", affirme ainsi un de ses analyses, Jay Stranley.