- Les résultats de la phase 3 des essais cliniques ont montré une efficacité de 85% contre les formes graves de la maladie.
- Pour les formes modérées à sévères, les résultats ont oscillé entre 72% et 57%.
- Sanofi a indique lundi qu’il allait produire ce vaccin à compter du troisième trimestre de cette année.
Courant mars, l’Ad26.COV2.S, le vaccin développé par l’entreprise pharmaceutique américaine Johnson & Johnson, va être étudié par l’Agence européenne du médicament. S’il obtient son feu vert, il deviendra le quatrième à être utilisé sur le continent. Les chercheurs de Janssen, la société du groupe Johnson & Johnson qui a développé le vaccin, ont parié sur la technologie de vecteur viral, la même que pour le vaccin britannique AstraZeneca ou le russe Sputnik V. La grande nouveauté est qu’il serait le premier vaccin à une seule dose disponible, permettant de simplifier la logistique de son déploiement.
85% d’efficacité sur les formes graves
D’un point de vue technologique, le vaccin Johnson & Johnson s’appuie sur les mêmes techniques que ses concurrents britanniques et russes. Il s’agit d’un vaccin à vecteur viral, c’est-à-dire que l’on injecte au patient le virus dont on a préalablement modifié le matériel génétique et ôté la protéine qui lui permet de se multiplier dans l’organisme. Cette technologie, baptisée “AdVac” par le groupe, le laboratoire Janssen la développe depuis plus de dix ans et l’utilise notamment contre Ebola. Au total, “200 000 sujets ont déjà été mis dans nos divers programmes d'essais cliniques” avec l'Ad26, avance à Franceinfo Telma Lery, directrice médicale Infectiologie de Janssen France.
Les résultats de la phase 3 des essais cliniques ont montré une efficacité de 85% contre les formes graves de la maladie. Pour les formes modérées à sévères, les résultats ont oscillé entre 72% et 57% en fonction du lieu où ont été mené les essais, en l’occurrence aux États-Unis dans le premier cas et en Afrique du Sud pour le second. Au Brésil, le sérum a affiché une efficacité de 66%. “Leur vaccin pourrait avoir une meilleure efficacité que deux doses du vaccin d'AstraZeneca”, a estimé Claire-Anne Siegrist, directrice du centre de vaccinologie des hôpitaux universitaires de Genève.
Sanofi va produire le vaccin
Ce nouveau vaccin se présente donc avec une efficacité à la hauteur de ses concurrents avec l’avantage de ne nécessiter qu’une seule dose pour être pleinement efficace. “Les vaccins monodoses sont considérés par l'Organisation mondiale de la santé comme la meilleure option en situation de pandémie, se félicite Paul Stoffels, responsable scientifique de Johnson & Johnson. Ils améliorent l'accès au vaccin, sa distribution et sa conformité.” Coupler à sa technologie qui ne nécessite pas de congélation – il se conserve entre 2 et 8 °C - ce vaccin s’avance comme celui qui possède la plus simple logistique d’utilisation. “C'est un avantage compétitif pour eux, constate Marie-Paule Kieny, présidente du comité Vaccin Covid-19 et directrice de recherche à l'Inserm, mais aussi pour le payeur, pour les personnes vaccinées et pour les institutions publiques en charge de la vaccination.” Un espoir pour de nombreuses régions du monde où les vaccins à ARN messager sont inaccessibles en raison du manque d’infrastructures pour les conserver à des températures très basses.
Si le feu vert de l’Agence européenne du médicament est obtenu, le vaccin pourrait être disponible en France courant avril mais le ministère de la Santé n'exclut pas “un petit décalage éventuel à mai”. D’ici fin juin, ce sont 8,1 millions de doses qui sont espérées. Le groupe pharmaceutique français Sanofi a par ailleurs indique lundi qu’il allait produire ce vaccin à compter du troisième trimestre de cette année, promettant un rythme de fabrication de 12 millions de doses par mois.