Prescrits pour lutter contre le cholestérol, les statines représentent la principale classe des médicaments hypolipémiants : elles inhibent le fonctionnement de l’HMG Co A réductase, une enzyme qui contrôle la synthèse du cholestérol par les cellules hépatiques. Cette inhibition stimule également l’expression des récepteurs aux LDL, permettant leur entrée dans la cellule cible.
En France, on estime que 6,4 millions de patients suivent actuellement un traitement par statines. Bien que bien tolérées, environ un patient sur cinq abandonne son traitement en raison des effets secondaires. Les principaux signalés sur les douleurs musculaires et articulaires, ainsi que la fatigue. Une nouvelle étude publiée ce jeudi 25 février dans le British Medical Journal constate pourtant que les statines n’ont aucun effet sur la fréquence ou la gravité des symptômes musculaires.
Aucune différence entre les statines et les placebos
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi 200 patients (âge moyen de 69,5 ans) provenant de 50 cabinets de médecine générale en Angleterre et au Pays de Galles, et qui avaient récemment arrêté ou envisageaient d'arrêter leur traitement par des statines en raison de symptômes musculaires.
Chaque patient a été assigné de manière aléatoire à une séquence de six périodes de traitement de deux mois au cours desquelles ils ont reçu soit des statines, soit un placebo. Ni les patients, ni leur médecin ne savaient quel comprimé ils recevaient. 80% des patients ont déclaré prendre leur traitement médicamenteux "tous les jours" ou "la plupart des jours" au cours de chaque période.
À la fin de chaque période de traitement, les participants devaient évaluer leurs symptômes musculaires sur une échelle de 0 à 10 points. Les résultats ont montré qu’il n’y avait aucune différence dans les scores des symptômes musculaires entre les périodes sous statine et sous placebo. Aucune différence n’a non plus été constatée dans l'effet des symptômes musculaires sur les aspects de la vie quotidienne (activité générale, humeur, capacité à marcher, travail normal, relations avec les autres, sommeil et joie de vivre) entre les périodes de statines et de placebos.
Un "effet nocebo"
Parmi les participants ayant abandonné en raison de symptômes musculaires intolérables, 9 % étaient sous statines (18 patients) et 7 % sous placebo (13 participants). Les deux-tiers des participants qui ont terminé l'essai ont déclaré qu'ils prévoyaient de reprendre le traitement à long terme avec des statines.
Si les chercheurs soulignent qu'ils n'ont évalué que l'effet d'un seul type de statine (l'atorvastatine 20 mg) sur les symptômes musculaires, ils affirment cependant qu'il s'agit d'un "vaste essai bien conçu, basé sur des mesures répétées de la douleur musculaire chez des patients qui avaient éprouvé des symptômes pendant le traitement aux statines, ce qui a permis d'évaluer avec plus de précision les différences entre les statines et le placebo".Ils prévoient désormais de mener de nouveaux essais pour établir les effets d'autres types de statines et tester des doses plus élevées.