- Les scientifiques ont utilisé des rayons X puissants et des optiques en haute résolution pour réaliser des images en 3D d’échantillons de tissus cérébraux.
- Mieux comprendre la maladie permettrait de la traiter plus efficacement, d’intervenir plus tôt et de limiter sa gravité.
En France, 600 000 personnes souffrent de schizophrénie. Au niveau mondial, cette maladie toucherait environ 0,7 à 1% de la population, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cette pathologie psychiatrique se manifeste généralement au cours de l’adolescence, entre 15 et 25 ans. Ses symptômes sont variables : retrait social, difficultés cognitives, hallucinations, délires, etc. Avec des traitements pharmacologiques et psychosociaux, un tiers des patients est en rémission durable. Mais mieux comprendre la maladie permettrait de la traiter plus efficacement, d’intervenir plus tôt et de limiter sa gravité. Dans la plupart des cas, la schizophrénie débute avant l’adolescence mais sous une forme atténuée. Actuellement, la recherche médicale travaille à identifier des marqueurs neurologiques de sa survenue et de son évolution.
“La première étape est d’analyser le cerveau”
L’équipe de chercheurs issus de plusieurs institutions internationales ont justement travaillé sur une technique permettant d’analyser plus précisément les tissus cérébraux des patients atteints de schizophrénie. Ils les ont comparés à ceux de personnes ne présentant pas de troubles neurologiques. “Le traitement actuel pour la schizophrénie est basé sur beaucoup d'hypothèses que nous ne savons pas confirmer, estime Ryuta Mizutani, membre de l’équipe de recherche et professeur des biochimies appliquées à l'université de Tokai au Japon. La première étape est d'analyser le cerveau.” L’étude a été publiée dans la revue Translational Psychiatry.
Des rayons X pour faire des images 3D
Les scientifiques ont utilisé des rayons X puissants et des optiques en haute résolution pour réaliser des images en 3D d’échantillons de tissus cérébraux. Ceux-ci provenaient de cerveaux sains et de patients schizophrènes. Les clichés obtenus ont démontré plusieurs résultats. Tout d’abord, les structures des neurones sont différentes et uniques chez chaque patient atteint de schizophrénie. Ce premier résultat suggère que la maladie est donc associée à des différences neurologiques structurelles. La seconde observation est que les images de neurones sains étaient relativement similaires, alors que ceux des patients schizophrènes étaient de structures variables, à la fois par rapport aux cerveaux sains et entre eux.
Déterminer les structures de neurones responsables de la maladie
“Sans l'analyse 3D des tissus cérébraux, ce travail ne serait pas possible, souligne Ryuta Mizutani. Des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer exactement comment les structures des neurones sont liées à l'apparition de la maladie et pour concevoir un traitement pouvant atténuer ses effets.” Car l’objectif des neuroscientifiques est de réduire le nombre de personnes souffrant de maladies cérébrales comme la schizophrénie. “Les différences de structures cérébrales entre les personnes saines et schizophrènes doivent être liées aux troubles mentaux, insiste-t-il. Nous devons trouver un moyen d’améliorer la vie de ces malades.” Selon l’Inserm, environ la moitié des patients atteints de schizophrénie fera au moins une tentative de suicide dans sa vie.