- Plus d'un tiers des enfants atteints d'un (34%) ont abandonné leur traitement.
- Les hôpitaux ont diagnostiqué près d'un cancer sur deux de moins que prévu (43%) et quasiment un établissement sur dix (7%) a fermé complètement son unité de cancérologie pédiatrique à un moment donné de la pandémie.
- La plupart des hôpitaux se sont depuis adaptés et ont mis en place de nouveaux moyens de communication et de nouvelles méthodes pour une meilleure prise en charge des cancers pédiatriques.
Par ricochet, l’effort sanitaire pour répondre aux besoins de la pandémie de Covid-19 a un effet négatif sur les soins des cancers pédiatriques. Une enquête menée auprès de plus de 300 cliniciens dans plus de 200 hôpitaux à travers le monde révèle que plus des trois quarts (78%) ont signalé des effets de la pandémie sur leur capacité à fournir des soins aux enfants atteints de cancer. Cette étude, la première sur le sujet, a été publiée mercredi 3 mars dans la revue The Lancet Child & Adolescent Health.
Des services pédiatriques fermés
La crise sanitaire n’a pas épargné les enfants malades : moins de diagnostic, interruption des traitements, fermeture des services de cancérologie pédiatrique…. “Nos résultats suggèrent que la pandémie de Covid-19 a eu un impact plus important sur les soins des cancers pédiatriques au niveau mondial que ce que les études focalisées sur une seule région laissaient supposer”, a constaté Daniel Moreira, l'un des auteurs de cette étude, qui travaille au St Jude Children's Research Hospital, établissement américain spécialisé dans les maladies pédiatriques. Les centres des pays à faible et moyen revenu sont les plus touchés par ce phénomène. Au total, les auteurs ont interrogé 311 professionnels de santé travaillant dans 213 établissements répartis dans 79 pays entre le 22 juin et le 21 août dernier.
Les résultats ont montré que près de la moitié (43%) des interrogés ont déclaré avoir diagnostiqué moins de cas que prévu alors qu’un tiers (34%) ont signalé une augmentation du nombre de patients ayant abandonné le traitement, soit en ne commençant pas à le prendre soit en accusant un retard de quatre semaines ou plus. Plus grave, l’enquête a révélé que près d’un hôpital sur dix (7%) a fermé complètement son unité de cancérologie pédiatrique à un moment donné de la pandémie, avec une durée moyenne de fermeture de 10 jours. Conséquence directe : le nombre de chirurgie a été drastiquement réduite (79%). La perturbation de la radiothérapie a également été considérable, avec près d'un tiers (28%) rapportant une interruption du traitement.
De nombreuses pénuries
Les hôpitaux ont également noté que leurs ressources ont été considérablement affaiblies pendant cette période. Un tiers (32%) a constaté une diminution du soutien financier et les deux tiers (66%) ont signalé une réduction du personnel clinique disponible. Concernant les lits réservés aux enfants atteints de cancer, un hôpital sur cinq (19%) a observé une réduction de ses capacités d’accueil. Les personnes sondées ont également indiqué avoir constaté de nouvelles pénuries, que ce soit en produits sanguins (60%) ou en traitements qui ont conduit à modifier les chimiothérapies (57%). L’accès aux interventions vitales a été réduit pour tous les hôpitaux, allant de 3% de réduction pour les personnes à haut revenu à 33% pour celles à plus faible revenu. Les décès imprévus ont, dans le même temps, augmenté, jusqu’à présenter 36% d’augmentation pour les plus pauvres.
Après un temps d’adaptation, la plupart des hôpitaux ont mis en place de nouvelles politiques et lignes directrices pour soutenir les soins pédiatriques contre le cancer pendant la pandémie. Plus des deux tiers (69%) utilisent des listes de contrôle de sécurité des patients et du personnel nouvelles ou adaptées, ajoutent les chercheurs. De nouveaux processus de communication avec les patients et les familles et de nouvelles orientations sur les services essentiels ont également été intégrés. “Bien que la pandémie de Covid ait créé de nouveaux obstacles pour les soins des cancers de l'enfant, nous avons montré que nous étions une communauté résiliente et que nous pouvions utiliser à l'avenir certaines adaptations imposées par la pandémie”, a assuré la Pr Laila Hessissen, de l'Université Mohammed V de Rabat au Maroc, citée dans un communiqué de la revue scientifique.