- Les patients recrutés seront des malades souffrant d'épilepsie sévère, de sclérose en plaques, de symptômes liés à un cancer que rien ne soulage, de douleurs neuropathiques ou encore en soins palliatifs.
- La prescription et le recrutement des patients se fera dans 200 centres de référence sélectionnés par l'ANSM.
- Les patients recrutés recevront du cannabis sous forme d'huile pour vaporisation orale ou de fleurs séchées pour inhalation.
Le top départ vient enfin d’être donné. Approuvée en 2019 par l’Assemblée Nationale pour débuter en septembre 2020, l’expérimentation du cannabis thérapeutique a finalement été repoussé à janvier puis mars 2021, en raison de la crise sanitaire. Mais cette fois, ça y est, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé ce jeudi 4 mars que les premières consultations pour inclure des patients dans l'expérimentation du cannabis à usage médical auront lieu “dans quelques jours” et avant le 31 mars.
Des mineurs pourront être concernés
L’expérimentation va durer deux ans et inclure 3 000 patients. Il s’agira de malades souffrant d'épilepsie sévère, de sclérose en plaques, de symptômes liés à un cancer que rien ne soulage, de douleurs neuropathiques ou encore en soins palliatifs. Par ailleurs, a précisé Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’ANSM lors d’un point presse ce jeudi, le cannabis médical ne sera pas donné en première ligne mais uniquement lorsque les autres soins thérapeutiques, notamment pour atténuer les douleurs, auront échoué. “C'est un service supplémentaire”, a-t-elle résumé. “Il y aura la possibilité d'inclure des enfants”, a ajouté Nathalie Richard, qui dirige le projet à l'Agence du médicament, soulignant que “dans certaines situations cliniques, l'utilisation du cannabis médical peut être utile” chez les mineurs.
La prescription et le recrutement des patients ne pourra être fait que dans 200 centres de référence sélectionnés par l'ANSM, dont la liste n’a pas encore été rendu publique. Les médecins et pharmaciens concernés vont recevoir une formation qui a commencé début mars, à raison de deux heures et demi, à distance, avec validation obligatoire. Le cannabis médical “est quelque chose de nouveau, il est nécessaire de s'approprier les conditions d'utilisation de ce nouveau médicament, pour s'assurer que tout se passe dans les meilleures conditions”, a justifié la directrice générale de l’ANSM.
Des patients suivis
Concrètement, les patients recrutés recevront du cannabis “sous forme d'huile pour vaporisation orale ou de fleurs séchées pour inhalation”, a précisé Nathalie Richard, lors du point presse. L’ordonnance qui prescrit l’utilisation du cannabis ne pourra être donnée que pour 28 jours maximum mais pourra être renouvelée par un médecin généraliste, formé et volontaire pour participer au projet. Les patients bénéficieront également de cinq “consultations longues”, destinées au “recueil d'éléments médicaux plus poussés” sur la tolérance et l'efficacité des médicaments. Les patients ne pourront par ailleurs pas conduire de véhicule après avoir pris leur traitement.
“L'enjeu est de voir si le cannabis médical peut être généralisé”, a conclu Christelle Ratignier-Carbonneil. Six mois avant la fin des 24 mois d’expérimentation, un rapport sera remis aux députés pour proposer, ou non, d’intégrer le cannabis médical dans l’arsenal thérapeutique français. De nombreux pays ont déjà intégré le cannabis thérapeutique comme le Canada, Israël, les Pays-Bas ou encore de nombreux États américains.