18,5% des 15-24 ans étaient sans emploi en Europe au début de l'année 2021. L’Espagne est l’un des pays les plus touchés : plus de 40% des jeunes y sont au chômage. Et la crise sanitaire risque d'aggraver encore ces chiffres dans les mois à venir. Des scientifiques ont travaillé sur les conséquences de cette inactivité sur la santé mentale. Dans une étude parue dans BMJ Open, ces trois chercheuses barcelonaises, affiliées au Centre pour la recherche en santé au travail, expliquent que la précarité et l'instabilité nuisent à la santé mentale à long terme.
Retracer le passé des participants
Pour parvenir à cette conclusion, elles ont créé une cohorte de participants : âgés de 18 à 28 ans et résidents de la Catalogne. Chacun d’entre eux avait déjà été absent une fois du travail pour cause de problèmes psychologiques entre 2012 et 2014. Ils ont donné des renseignements sur leur passé professionnel. "C’est une nouvelle approche pour évaluer comment les transitions entre les différents types de contrats, les périodes de chômage et de travail et la perte temporaire de couverture sociale peuvent affecter l’évolution de la santé mentale chez les jeunes travailleurs qui arrivent sur le marché du travail", analyse Mònica Ubalde-Lòpez, coordinatrice de la recherche. Avec son équipe, elle a utilisé des outils statistiques pour évaluer la stabilité professionnelle des personnes interrogées. "Cela nous a permis d’avoir une photographie des dix dernières années de carrière", souligne Amaya Ayala-Garcia. Quatre modèles-types ont été définis : un travail stable et permanent, une stabilité accrue, un emploi instable avec différents types de contrats et enfin une entrée tardive sur le marché du travail. "Pour déterminer la sévérité des troubles mentaux, nous avons mesurer le nombre de jours d’absence cumulés liés à des troubles mentaux sur les trois dernières années", ajoute-t-elle.
La menace de la Covid-19
D’après leurs résultats, une situation précaire augmente le risque d’absentéisme lié à des troubles psychologiques. En revanche, plus la situation professionnelle se stabilise, plus le nombre de jours d’absence pour ces motifs diminue. Malgré cette évolution positive sur le long terme, les scientifiques restent mesurées. "L’insécurité professionnelle chez les jeunes se voit dans les taux d’emplois temporaires et de chômage, précisent-elles. Or, ils ont largement augmenté avec la Covid." Jobs saisonniers, jobs étudiants ou premiers emplois : tous sont plus difficiles à trouver depuis le début de la crise sanitaire, or ils concernent particulièrement les jeunes. D’après les conclusions de ces chercheuses, il est nécessaire de mettre en place des politiques de santé publique pour réduire le risque d’absentéisme à long terme.