- Les graisses viscérale et sous-cutanée ont tendance à augmenter leur capacité à stocker de l'énergie sous forme de nouvelle graisse et donc à reconstituer rapidement une "réserve" avant une nouvelle période de jeûne
- La graisse viscérale est capable de s'adapter à des périodes de jeûne répétées et de protéger sa réserve d'énergie
La graisse abdominale est coriace. Sport, régime, jeûne… chez certains, rien n’y fait, la graisse du ventre résiste. Des chercheurs australiens de l’université de Sydney suggèrent que cela est dû à la capacité d'adaptation de la graisse qui s’accumule autour de l'estomac qui devient de plus en plus résistante à la perte de poids. Les résultats ont été présentés le 2 mars dans la revue Cell Reports.
Le jeûne intermittent, l’effet inverse
Les chercheurs ont étudié comment réagit la graisse pendant un jeûne intermittent pratiqué tous les deux jours. Pour cela, ils ont examiné les types de tissus adipeux prélevés à différents endroits du corps pour suivre et comprendre leur évolution. Ils ont constaté des changements pour trois types de graisse : la graisse viscérale, le tissu adipeux qui entoure nos organes dont l'estomac et la graisse sous-cutanée. “Tous les tissus adipeux ne sont pas les mêmes et en fait leur emplacement fait une grande différence”, a constaté le Dr Mark Larance qui est l’auteur principal de l’étude. Au total, ce sont plus de 8 500 protéines situées dans les dépôts graisseux qui ont été analysées grâce à une technique appelée protéomique. Elle permet de surveiller la réaction des protéines dans certaines conditions, en l’occurrence le jeûne intermittent.
Pendant le jeûne, les tissus adipeux fournissent de l’énergie au reste du corps en libérant des molécules d’acides gras. Les résultats ont montré qu'au fil du temps, la graisse viscérale devient résistante à cette libération d'acides gras pendant le jeûne. De plus, le jeûne intermittent semble avoir l’effet inverse qu’escompté et les graisses viscérale et sous-cutanée ont tendance à augmenter leur capacité à stocker de l'énergie sous forme de nouvelle graisse et donc à reconstituer rapidement une "réserve" avant la prochaine période de jeûne.
La graisse viscérale s’adapte
Ces observations suggèrent que la graisse viscérale est capable de s'adapter à des périodes de jeûne répétées et de protéger sa réserve d'énergie. Cette capacité d’adaptation peut être la raison pour laquelle la graisse viscérale résiste à la perte de poids après de longues périodes de régime ou de jeûne intermittent. Si ces résultats ont été obtenus sur les tissus adipeux de souris, les chercheurs les estiment proches de ceux des humains. “La physiologie de la souris est similaire à celle des humains, mais leur métabolisme est beaucoup plus rapide, ce qui nous permet d'observer les changements plus rapidement qu’avec des essais cliniques et d'examiner les tissus difficiles à échantillonner chez l'homme”, ont-ils écrit.
Les auteurs ont conclu en se voulant rassurants pour ceux qui cherchent à perdre du poids : les résultats de leurs travaux pourraient ne pas s’appliquer à d’autres types de régimes intermittents comme le régime 5:2 – qui implique deux jours de jeûne non consécutifs par semaine – ou la restriction calorique. “De futures études devraient se concentrer sur les molécules responsables de la résistance de la graisse viscérale et permettront peut-être de déterminer les régimes alimentaires les plus bénéfiques pour la santé métabolique et la perte de graisse abdominale”, ont avancé les chercheurs.