La tendance épidémiologique est à la hausse pour la deuxième semaine consécutive, a constaté Santé Publique France dans son bulletin épidémiologique du 4 mars. La diffusion croissante des variants, plus contagieux, est l’une des explications principales à cette augmentation. Le professeur de santé publique et directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève, Antoine Flahault, a estimé, dans des propos relayés par Le Monde, que les pics de pollution favorisent les contaminations et expliquent ce rebond épidémique.
“Tempêtes épidémiques”
Trois épisodes de pollution, liés notamment à des nuages de poussières de sable venus du Sahara, ont touchés de nombreuses régions et le dernier vient tout juste de se terminer. “Le rôle des concentrations élevées en particules fines dans l’air pourrait être l’un des facteurs déterminants majeurs tant de la transmission que de la gravité du Covid-19, avec le professeur Antoine Flahault. Qu’elles soient d’origine naturelle comme le sable du désert ou anthropiques, les particules fines sont associées à des rebonds épidémiques de maladies respiratoires transmissibles, et notamment de Covid-19.”
Le 21 novembre dernier, Antoine Flahaut a publié un article dans la revue Earth Systems and Environment dans lequel il lie pics de pollution et augmentation des cas de contamination de Covid-19. Grâce à l’analyse des données des concentrations de polluants et du nombre de nouvelles contaminations à Paris, Londres et dans le canton suisse du Tessin, il a constaté que chaque épisode de pollution est suivi d’un pic épidémique, si bien qu’il nomme ces évènements “tempêtes épidémiques”. Les pics de particules fines PM 2,5 - de taille inférieure à 2,5 micromètres – sont les plus dangereuses pour la santé car elles pénètrent profondément dans l’organisme.
Les nuages de sable du Sahara en cause
Le chercheur prend l’exemple du patient zéro italien, Mattia Maestri qui, alors qu’il était en bonne santé, s’est retrouvé intubé pendant dix-huit jours en février 2020. Selon Antoine Flahaut, son était s’explique “possiblement par les concentrations extrêmement élevées en particules fines en Lombardie” à ce moment. Les pics de pollution seraient, selon lui, également en cause pour expliquer la saturation des hôpitaux ainsi que la surmortalité observée dans diverses régions d’Europe au printemps 2020, lors de la première vague. Une tempête de sable, en provenance du Sahara, a frappé les îles Canaries le 23 février 2020 et dans les jours qui ont suivi, plusieurs touristes ont été contaminés, dont un Italien qui est tombé sévèrement malade.
Les particules de sable apparaissent comme un vecteur de transmission de maladie et donc, en période pandémique, du virus SARS-CoV-2. “En voyageant sur des centaines voire des milliers de kilomètres, les particules de sable vont transporter tout un tas de polluants et d’agents pathogènes”, poursuit le radiologue Thomas Bourdrel, coauteur d’un article de synthèse sur les liens entre pollution de l’air et Covid-19 paru en février dernier dans la revue European Respiratory.