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Grossesse

Accouchement : le déclenchement n’est pas obligatoire après une perte des eaux prématurée’

Par Mégane Fleury

D’après une étude américaine, un accouchement naturel, sans déclenchement, ne menace pas la santé de la mère ni celle du bébé, dans la majorité des cas.

Blue Planet Studio/istock
La rupture de la poche de liquide amniotique correspond normalement au début des contractions
Le déclenchement de l'accouchement lorsque les contractions tardent ne serait pas nécessaire lorsque la grossesse s'est déroulée sans problème

La perte des eaux correspond à la rupture de la poche de liquide amniotique dans lequel se trouve le foetus. Elle le protège des bactéries et des chocs, et lui apporte des nutriments. Lorsque cette poche se fissure, les femmes enceintes ressentent généralement des contractions et la dilatation du col de l’utérus débute. Dans 11% des cas, le travail ne commence pas, malgré la rupture de la membrane. Des chercheurs de l’université du Michigan se sont intéressés à ces cas : ils s’interrogent sur la nécessité du déclenchement de l’accouchement pour ces femmes. D’après leurs conclusions, en cas de grossesse saine, sans problème particulier, il est possible d’opter pour un accouchement naturel sans que cela n’entraîne de risque pour la mère ou son enfant. Dans ce cas, les médecins attendent que le travail démarre spontanément. 

Des taux d’infection similaires 

L’équipe de recherche, dirigée par Ruth Zielinski, a analysé les cas de 2357 femmes suivies dans le cadre de leur grossesse. 12% d’entre elles ont connu une rupture précoce de la poche des eaux : 53% d’entre elles, soit 150 femmes, ont choisi d’attendre que le travail se déclenche spontanément et sont retournées chez elles, 102 autres ont attendu à l’hôpital et pour les 29 restantes, un déclenchement a été organisé. Parmi les femmes ayant choisi d’attendre, plus de la moitié d’entre elles ont pu finalement accoucher naturellement sans que le déclenchement ne soit nécessaire. "Les taux d’infection de la mère ou de l’enfant n’étaient pas différents entre les groupes de femmes ayant eu une rupture précoce de la poche des eaux", précisent les chercheurs. 

L’infection à streptocoque B : un déclenchement recommandé 

Un cas nécessite absolument un déclenchement : les femmes porteuses de la bactérie streptocoque B. "Le risque d’infection augmente lors de la rupture prématurée des membranes, souligne Ruth Zielinksi, c’est pourquoi, lorsque la femme est porteuse du streptocoque B, il est recommandé de réduire la durée d’attente avant l’accouchement." Cette bactérie se transmet notamment par le liquide amniotique contaminé après la rupture de la membrane, elle est surtout dangereuse pour l’enfant car elle peut provoquer des méningites. Des tests sont réalisés à la fin de la grossesse. 

Des échanges nécessaires entre médecin et patiente

En dehors de ce cas, et pour les femmes enceintes sans problème médical, les chercheurs insistent sur la nécessité d’informer les femmes de ces différentes possibilités et des risques encourus, pour qu’elles puissent prendre une décision éclairée. "Il est important que les femmes discutent de ces options avec leur médecin", insiste Ruth Zielinski. "Il y a 26 ans, lorsque j’ai obtenu mon diplôme, je pensais que tout le monde voulait éviter le déclenchement, mais ce n’est vraiment pas le cas, ajoute-t-elle. Souvent, les patientes veulent plutôt faire avancer les choses et sont d’accord avec le principe de déclenchement." En l’absence de contre-indication, toutes les options doivent être étudiées.