Parkinson ne touche pas les hommes et les femmes de la même manière, les premiers étant 1,5 fois plus touchés que les secondes chez qui la progression de la maladie est plus rapide. Dans la même lignée de différence entre les deux sexes, les femmes fumeuses ont moins de risque que leurs homologues masculins. En cause : les œstrogènes qui réduiraient, avec la nicotine, la perte de neurones dopaminergiques, à l’origine de l’apparition des symptômes lorsque environ 50% sont morts ou altérés.
La cytisine, un substitut à la nicotine
Les chercheurs américains de l’université du Texas A&M se sont demandés pourquoi les fumeurs chroniques ont un risque réduit de développer Parkinson. “Sur la base d'études épidémiologiques, ce phénomène est connu depuis environ 60 ans, annonce l’un des auteurs principaux, Rahul Srinivasan, professeur au département neuroscience et thérapeutiques expérimentales de l’université du Texas. Cependant, on n’a jamais vraiment bien compris pourquoi, en particulier parce que le tabac et la fumée du tabac contiennent un très grand nombre de composés chimiques différents. L'un de ces produits chimiques est évidemment la nicotine, nous devions donc regarder le rôle de la nicotine dans cet effet protecteur contre la maladie de Parkinson.”
Pour étudier le rôle de la nicotine, les chercheurs ont mené des tests sur la cytisine, un médicament de sevrage tabagique avec des propriétés similaires ou proches de la nicotine dont les effets sont complexes voire impossibles à étudier. “Ce que fait la cytisine, c'est qu'elle se lie aux récepteurs cibles mais ne les active pas aussi efficacement que la nicotine, a constaté Rahul Srinivasan. Il maintient les récepteurs ‘occupés’ et les ‘chaperonne’ à la surface du neurone”, évitant qu'ils ne soient détruits. Les chercheurs ont observé ces effets sur des modèles de souris chez qui ils ont induit artificiellement Parkinson et donné soit une solution saline soit de la cytisine. Les résultats des travaux ont été publiés le 23 décembre dans le Journal of Neurochemistry.
Le rôle des œstrogènes à préciser
Les chercheurs ont mené une série d’expériences pour évaluer l’effet de la cytisine sur les symptômes de Parkinson. Ils ont découvert un effet protecteur à la fois pour réduire les symptômes et le nombre de neurones dopaminergiques perdus. Cet effet n’a été observé que chez les souris femelles, les chercheurs estimant que c’est la combinaison cytisine et œstrogènes qui produit cet effet protecteur. Les chercheurs vont désormais chercher à trouver des solutions pour les hommes et les femmes ménopausées. “Il existe des composés non ‘féminisants’ qui font actuellement l'objet de recherches et peuvent activer les récepteurs-mêmes activés par les œstrogènes”, ont-ils écrit.
Le rôle exact des œstrogènes dans ce processus protecteur reste à être précisé. “À première vue, ce médicament pourrait être utilisé dès aujourd'hui chez les femmes atteintes de la maladie de Parkinson, mais comme c'est le cas pour tous les médicaments, l'approbation ne sera possible qu’une fois le mécanisme du médicament parfaitement décrypté”, concluent les chercheurs.