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Printemps

Covid-19 : les hauts niveaux de pollen dans l'air augmentent le risque d'infection

Par Paul-Emile François

Lors des pics épidémiques du printemps 2020, les concentrations de pollen dans l'air ont correspondu à une hausse des taux d'infection.

Liudmila Cheklova/iStock
Les taux d'infection par le SARS-CoV-2 augmentent lorsque l'on enregistre des phases de concentration élevée de pollen
L'inhalation de particules virales et de pollen affecte la qualité de la réponse inflammatoire

Gare aux pollens ! L'arrivée du printemps qui marque le retour de la présence dans l'air des particules de pollen est non seulement une période à risque pour allergiques mais surtout celles-ci pourraient favoriser les infections par le coronavirus. C'est ce qu'affirme une étude réalisée par l'université technique de Munich (Allemagne) et publiée sur le site de l'Académie Nationale des Sciences américaine. Selon les chercheurs, les taux d'infection par le SARS-CoV-2 -en dehors des périodes de confinement- seraient en moyenne de 4 à 20% plus élevés dès que la proportion de particules de pollen en suspension dans l'air augmente.

A partir du constat de la coïncidence entre le pic de l'épidémie de Covid-19 et la saison des pollens dans l'hémisphère nord au printemps 2020, les scientifiques ont réalisé une analyse rétrospective des données sur les taux quotidiens d'infection par le SARS-CoV-2 et les cofacteurs environnementaux -température de l'air, humidité relative et concentration de pollens en suspension- entre le début du mois de mars et le 8 avril 2020, c'est à dire la période d'augmentation exponentielle des infections. D'autres facteurs comme la densité de la population et les périodes de confinement en raison de leur impact sur les interactions humaines.

Une réponse immunitaire plus faible

C'est cette analyse qui leur a permis d'évaluer à 4% la hausse des taux d'infection dès que le nombre de grains de pollen en suspension dans l'air augmente de 100 par mètre cube, cette hausse pouvant aller jusqu'à 20% avec des concentrations de 500 grains de pollen par mètre cube telles qu'elles ont pu être observées dans certaines villes allemandes. Des chiffres à diviser par deux dans les secteurs où le confinement était en vigueur.

Selon les chercheurs, l'explication serait liée à une réponse immunitaire plus faible des voies respiratoires face à des virus responsables de toux ou de rhumes provoquée par des concentrations élevées de pollens dans l'air. "Lorsqu'un de ces virus pénètre dans l'organisme, les cellules infectées envoient des interférons antiviraux qui signalent aux cellules voisines d'intensifier leurs défenses antivirales pour tenir les envahisseurs à distance, ce qui provoque une réponse inflammatoire et ce processus est le même avec le SARS-CoV-2", rappellent-ils. Or, lorsque les concentrations de pollen dans l'air sont élevées et que les grains sont inhalés avec des particules virales, on constate une moindre production d'interférons antiviraux qui affecte la réponse inflammatoire normale.

Surveiller les prévisions et porter un masque filtrant les particules

"Une prise de conscience accrue de ces effets est importante dans la prévention et l'atténuation de l'impact de la Covid-19; puisque l'on ne peut pas éviter l'exposition aux pollens en suspension dans l'air les personnes appartenant à des groupes à haut risque devraient être informées que des niveaux élevés entraînent une sensibilité accrue aux infections virales par les voies respiratoires", soulignent Athanasios Damialis, auteur principal de cette étude, et Stéfanie Gilles, co-auteur. En laissant une autre participante à ce travail, Claudia Traidl-Hoffmann, apporter le conseil à suivre : "Les personnes à risque doivent surveiller les prévisions polliniques et le port d'un masque filtrant les particules peut empêcher à la fois le virus et les pollens de pénétrer dans les voies respiratoires".