C’est l’un des nombreux effets collatéraux de la pandémie. Les mesures sanitaires, port du masque et gestes barrières, ont retardé d’environ deux mois l’arrivée de l’épidémie de bronchiolite, une maladie respiratoire qui touche principalement les jeunes enfants. Elle frappe actuellement six régions métropolitaines tandis que cinq autres sont en phase pré-épidémique. En tout, 1400 passages aux urgences et 550 hospitalisations ont eu lieu la semaine dernière, selon le bulletin hebdomadaire de l’agence sanitaire Santé publique France paru ce mercredi.
Un passage obligé
La bronchiolite est un passage quasi-obligé chez tous les enfants de moins de deux ans. Cette infection virale, pour laquelle on ne dispose ni de vaccin ni de traitement, est une maladie respiratoire qui touche 30% des bébés de moins de 2 ans chaque hiver. D’ordinaire, l’épidémie débute à la fin de l’automne, pour atteindre son pic autour de décembre, et se terminer vers la fin de l’hiver. Cette année, le pic pointe le bout de son nez au début du mois de mars, bien plus tard que d’habitude.
La raison principale de ce retard est à trouver dans “les mesures d’hygiène”, estime Robert Cohen, pédiatre et infectiologue, à Pourquoi Docteur. “Le pic de bronchiolite est environ moitié moindre que lors d’une année classique”, ajoute-t-il. Lors de l’hiver 2018-2019, il y a eu, lors du pic, environ 6 000 passages aux urgences et 2 000 hospitalisations et autour de 5000 et 1800 respectivement pour 2019-2020. “Dans le contexte actuel de la circulation du Sars-CoV-2 en France, la surveillance de la bronchiolite du nourrisson pour la saison hivernale 2020-21 permettra suivre l’impact des mesures barrières actuellement en vigueur sur la transmission du virus respiratoire syncytia (VRS)l, principal responsable des bronchiolites du nourrisson, a écrit Santé publique France.”
Après la pandémie, une flambée de cas attendue
Ce décalage pourrait avoir des incidences pour l’après Covid-19. “On accumule une population d’enfants qui n’a pas rencontré le VRS et qui va, à un moment ou à un autre, l’attraper, poursuit le pédiatre. Quand la pandémie de Covid partira, on peut s’attendre à voir plus d’infections VRS.” Ce décalage est-il problématique ? “On ne sait pas, répond le Docteur Robert Cohen. On ne sait pas si le fait d’avoir plus d’enfants de plus de 2 ans qui attrapent une bronchiolite vont développer plus de cas graves. Sans vaccin, ni traitement disponibles, il faut s’immuniser et on ne peut pas vivre sans.”
En dehors de la surveillance, notamment au moment où se terminera la pandémie de Covid-19, le pédiatre ne fait pas de recommandation particulière. “Il ne faut pas oublier de vacciner ses enfants contre toutes les maladies pour lesquelles il existe un vaccin”, rappelle-t-il. La bronchiolite n’est pas la seule pathologie virale dont le nombre d’enfants concernés a largement diminué et la varicelle est un autre exemple pour lequel le nombre de cas devrait être en forte augmentation après l’épisode coronavirus.