- L’Octofène a été retiré du marché en 2005.
- Ce traitement permettrait de faire baisser la charge virale des patients infectés dès l’apparition des symptômes pour éviter un emballement pouvant conduire à des formes sévères.
- Le groupe LVMH a apporté une aide de 5 millions d’euros pour soutenir cette recherche.
Le secret est enfin révélé. Ce matin, au micro d’Europe 1, le directeur de l’institut Pasteur de Lille, Xavier Nassif, a dévoilé le nom du médicament repositionné dont il espère qu’il pourra diminuer la charge virale des patients contaminés et éviter les formes sévères de Covid-19. Il s’agit de l’Octofène, un ancien médicament utilisé contre les rhinopharyngites. Après avoir passé en revue plus de 2 000 molécules, le clofoctol, la molécule utilisée par l’Octofène, s’est révélée être la plus efficace contre le virus.
Un suppositoire repositionné
L’objectif de ce traitement est de faire baisser la charge virale des patients infectés dès l’apparition des symptômes pour éviter un emballement pouvant conduire à des formes sévères. “Il altère la réplication du virus dans les cellules, a précisé à Pourquoi Docteur Terence Beghyn, président fondateur d’Apteeus, une biotech qui travaille en partenariat avec l’institut Pasteur de Lille. Quand une personne infectée développe des symptômes, c’est que la charge virale est très élevée. Comme avec un antibiotique, on aide l’organisme à lutter contre le pathogène et donc plus on réduit vite la charge virale du patient plus l’organisme va pouvoir lutter efficacement contre cet agent.”
L’Octofène a été retiré du marché en 2005 après que son intérêt médical ait été revu par la Sécurité sociale. Cette dernière a estimé que l’antibiotique, qui se présentait sous forme de suppositoire, a perdu en intérêt étant donné que les rhinopharyngites se guérissent elles-mêmes. Dans la prise en charge de la Covid, les premiers tests ont donné des résultats “prometteurs”. Xavier Nassif souhaite lancer un essai clinique, qui va permettre d’évaluer son efficacité chez des patients contaminés “d’ici quelques semaines”.
Du retard et des dons
“Nos premiers résultats ont montré une diminution drastique de la charge virale, nous a détaillé Terence Beghyn. Les premiers résultats ont été obtenus chez des animaux qui sont des modèles plutôt fidèles à l’homme. Pour l’étape suivante, nous souhaitons mener l’essai sur un peu moins de 500 patients.” La recherche a accusé du retard, estimé à plusieurs mois par le directeur d’Apteeus, à cause de la décision du Capnet, l’agence gouvernementale qui étudie les essais thérapeutiques menés en France, de ne pas attribuer le label “priorité nationale” à l’étude.
Les premiers résultats prometteurs de cette étude ont provoqué un afflux de dons pour l’institut Pasteur. Le groupe LVMH a notamment envoyé une aide de 5 millions d’euros pour soutenir cette recherche. “Dans un esprit de solidarité, nous avons souhaité débloquer rapidement l’intégralité de la somme. Nos chercheurs ont dû vivre une année à la fois épouvantable et passionnante. Ils sont notre armée. C’est aussi pour ça que nous voulions les épauler”, a expliqué Antoine Arnault, administrateur du groupe et fils de Bernard Arnault.