C’est un médicament centenaire et devenu très courant : l’aspirine. Utilisé notamment pendant l’épidémie de grippe espagnole au début du XXe siècle, il est aujourd’hui l’objet d’étude de chercheurs israéliens. Dans The FEBS Journal, ils présentent les résultats d’une expérience menée sur les effets protecteurs de l’acide acétylsalicylique, le nom scientifique de l’aspirine, contre la Covid-19. D’après leurs conclusions, les personnes utilisant de l’aspirine en prévention des maladies cardiovasculaires ont moins de risque d’être infectées par le virus.
Moins d’infections par la Covid-19
Au total, les chercheurs ont analysé les données de plus de 10 000 personnes testées pour la Covid-19 entre le 1er février et le 30 juin 2020. "L’utilisation de l’aspirine en prévention des maladies cardiovasculaires était associé à 29% de risque en moins d’être infecté par la Covid-19, en comparaison aux personnes ne prenant pas d’aspirine", précise l’étude. Dans le groupe des personnes positives au virus, la proportion de personnes prenant de l’aspirine était plus faible en comparaison à leur part dans groupe des personnes négatives. Par ailleurs, les chercheurs israéliens constatent également que les personnes positives à la Covid-19 prenant de l’aspirine sont généralement malades pendant moins longtemps, et le temps entre leur dernier test positif et le premier test négatif, marquant la fin de l’infection, est plus court. "Cette observations des effets potentiellement bénéfiques de faibles doses d’aspirine sur la Covid-19 sont préliminaires, mais semblent très prometteurs", indique Eli Magen, directeur de la recherche. D’autres recherches doivent être réalisées avec des échantillons de patients plus larges, et issus d’autres pays, afin de vérifier les résultats.
L’aspirine est-il vraiment bon pour le cœur ?
L’impact de l’aspirine sur la prévention des maladies cardiovasculaires est débattu. Il y a une trentaine d’années, des chercheurs ont découvert que le médicament diminuait les risques chez les patients ayant des antécédents familiaux ou des facteurs de risque accru. En 2016, une équipe américaine a même estimé que si toutes les personnes à risque en prenaient aux États-Unis, 900 000 décès pourraient être évités en vingt ans. Pourtant, plusieurs recherches contredisent ces bénéfices potentiels : elles rappellent que la prise d’aspirine augmente le risque d’hémorragie, notamment dans l’estomac et dans le cerveau. En France, la prescription de ce médicament en traitement préventif est recommandée uniquement pour les patients non-diabétiques souffrant d’un risque cardiovasculaire élevé. Aux États-Unis, seules les personnes âgées de 40 à 70 ans sont concernées. Si les résultats de cette étude israélienne semblent encourageants, l’aspirine ne doit pas être pris en auto-médication, mais seulement suite à une prescription médicale.