- Malgré sa suspension dans plusieurs pays européens, le vaccin AstraZeneca continue d'être utilisé en France où les pharmaciens vont pouvoir vacciner dès la semaine prochaine.
- L'Agence européenne des médicaments a autorisé le vaccin Johnson & Johnson et celui développé par Novavax pourrait bientôt suivre après avoir présenté 96% d'efficacité contre la souche initiale du virus.
- Sanofi va commencer les essais cliniques sur les humains pour son vaccin à ARN messager qui pourrait devenir le premier vaccin anti-Covid français.
La semaine a été riche en rebondissements pour les vaccins.
- En France les pharmacies vont, dès la semaine prochaine, intégrer la campagne vaccinale;
- Le vaccin développé par l’Américain Johnson & Johnson est devenu le quatrième à recevoir une autorisation de mise sur le marché européen;
- La France est revenue dans la course avec Sanofi qui a annoncé lancer les premiers essais sur l’homme de son second vaccin;
- Novavax, un industriel américain, a publié les résultats définitifs des essais cliniques qui montrent que son sérum protège à 96% contre la souche classique du virus SARS-CoV-2;
- Enfin, de nouvelles études ont confirmé qu’une dose de vaccin est suffisante pour protéger les personnes déjà contaminées et révélé pourquoi les femmes ont plus d’effets secondaires que les hommes après l’injection.
AstraZeneca suspendu dans plusieurs pays, pas en France
La France a souhaité désamorcer la défiance galopante contre le vaccin AstraZeneca après sa suspension dans plusieurs pays européens (Bulgarie, Italie, Autriche, Danemark, Norvège, Islande, Estonie, Lituanie, Lettonie ou encore Luxembourg). Les pauses dans son utilisation annoncées en cascade par les pays européens ont fait suite à l’apparition de plusieurs cas de thromboses suite à l’injection du vaccin. “Il n’y a pas lieu de suspendre” les injections d’AstraZeneca, a déclaré jeudi en conférence de presse Olivier Véran. “Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade”, a-t-il ajouté. L’ANSM a recommandé la poursuite de l’injection ce vaccin dans un point sur la surveillance des vaccins anti-Covid publié ce vendredi. Elle révèle qu’un cas de thromboses multiples a été recensé en France, sans qu’un lien direct avec le sérum AstraZeneca puisse être établi.
En tout, 22 cas de thromboses ont été rapportés sur les plus de 3 millions de doses déjà utilisées dans l’Union européenne, la Norvège et l’Islande. L’Agence européenne des médicaments a d’ores-et-déjà annoncé qu’une étude est en cours pour déterminer si ces cas sont liés ou non à la vaccination. “Les données indiquent qu'il n'y a pas d'excès d'accidents thrombotiques après l'utilisation du vaccin d'AstraZeneca, a pour sa part indiqué Alain Fischer, président du conseil d'orientation sur la stratégie vaccinale, à Radio Classique. Sur le vaccin AstraZeneca, la position de la France suit celle de l'Agence européenne des médicaments (EMA).” L’Agence a ajouté ce vendredi les allergies sévères à la liste des effets secondaires possibles du vaccin. Elle a “recommandé une mise à jour des informations sur le produit pour inclure l'anaphylaxie et l'hypersensibilité (réactions allergiques) comme effets secondaires. La mise à jour est basée sur un examen de 41 rapports d'anaphylaxie possible observés parmi environ 5 millions de vaccinations au Royaume-Uni.”
Les pharmacies impliquées dans la campagne vaccinale
Pour accélérer la campagne vaccinale, les pharmacies vont pouvoir vacciner à partir de la semaine prochaine. Un peu plus de 18 400 pharmacies se sont déjà portées volontaires pour vacciner contre la Covid-19 la semaine prochaine, en commandant 36 100 flacons d’AstraZeneca, a révélé le ministère de la Santé ce jeudi. Ils recevront les doses le 18 ou le 19 mars. Cette vaccination reste réservée en priorité aux personnes de plus de 75 ans, ou celles de plus de 50 ans souffrant de comorbidités ainsi qu'aux adultes à très haut risque.
Johnson & Johnson arrive en Europe
Le 11 mars, le vaccin Johnson & Johnson est devenu le quatrième à recevoir une autorisation de mise sur le marché par l’Agence européenne des médicaments. Les essais cliniques de phase 3, menés sur plusieurs milliers de patients, ont révélé qu'il est efficace à 85% contre les formes graves de la maladie. Pour les formes modérées à sévères, les résultats vont de 57% à 72%. Les premières doses devraient être disponibles courant avril, bien que le ministère de la Santé s'attende à “un petit décalage éventuel jusqu'en mai”.
Contrairement aux autres, ce vaccin a l’avantage de ne nécessiter qu’une seule dose pour être efficace. Baptisé Ad26.COV2.S, il repose sur une technologie de vecteur viral, aussi appelé adénovirus, la même que pour AstraZeneca ou encore que celle utilisée par Spoutnik V, le vaccin russe. Cela signifie que l’on injecte directement au patient le virus dont on a préalablement modifié le matériel génétique et ôté la protéine qui lui permet de se multiplier dans l’organisme. Il diffère également du vaccin d’AstraZeneca qui utilise un adénovirus de chimpanzé en employant un adénovirus humain dans lequel la protéine Spike a été greffée.
Novavax, le prochain sur la liste
L’entreprise de biotechnologie américaine Novavax a publié ce jeudi les résultats définitifs de son vaccin, nommé NVX-CoV2373, qui affiche 96,4% d’efficacité contre la souche initiale du virus. Concernant les variants, ce taux passe à 86,3% contre le variant britannique et chute à 48,6% contre le variant sud-africain. Des demandes d’autorisation d’urgence devraient être bientôt déposées. Les essais cliniques de phase 3 ont été menés au Royaume-Uni sur plus de 15 000 personnes de 18 à 84 ans, dont 27 % avaient plus de 65 ans. Le vaccin s’est avéré efficace à 89,7% contre les formes symptomatiques de la maladie, avec 96 cas de Covid-19 dans le groupe ayant reçu un placebo, contre 10 cas dans le groupe vacciné. Un essai sur une plus petite cohorte, 2 665 patients, a été réalisé en Afrique du Sud où l’efficacité est tombée à 48,6%.
Ce vaccin, qui s’administre en deux doses, utilise une stratégie différente des autres. Il s’agit d’un vaccin dit “sous-unitaire”, c’est-à-dire qu’il repose sur une technologie à protéine recombinante allié à un adjuvant. Cela consiste à injecter une reproduction de laboratoire de la protéine Spike du coronavirus afin de générer des anticorps empêchant cette protéine du virus d’infecter les cellules et donc de provoquer la Covid-19. L’ajout de l’adjuvant permet de stimuler l’immunité innée et éviter que le système immunitaire ne détecte pas la protéine. L’adjuvant utilisé comprend des extraits de saponine de quillaja (un arbre) avec du cholestérol et des phospholipides.
Sanofi, le second candidat français entre dans la course
Alors que l’on pensait la France hors-jeu dans la course au vaccin, Sanofi a annoncé ce vendredi le lancement des premiers essais sur l’être humain de son second projet de vaccin. Le groupe pharmaceutique a indiqué débuter “un essai clinique 1/2 consacré au candidat-vaccin à ARN messager contre la Covid-19”, dans un communiqué publié ce vendredi. Ces cessais visent à vérifier que le candidat-vaccin n’est pas dangereux et permettra d’obtenir des premiers éléments sur son efficacité. En tout, 415 personnes seront concernées et les résultats sont attendus pour le troisième trimestre de cette année.
Quatre fois plus d’effets indésirables pour les femmes
L’avancée de la campagne vaccinale permet d’en savoir plus sur les effets indésirables du vaccin et les femmes apparaissent bien plus concernées que les hommes. Elles seraient même quatre fois plus exposées aux effets secondaires. Une réalité peu surprenante puisque cela est déjà le cas pour les autres vaccins. L’ANSM indique que le risque d'hospitalisation est de 1,4 chez les femmes et le risque de décès 2,1 fois plus élevé. Un rapport publié le 19 février par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américain, les autorités chargées de la surveillance de la santé aux États-Unis, avance que les trois quarts des effets secondaires des vaccins sont enregistrés chez les femmes.
Les femmes sont naturellement à la fois mieux protégées des infections et plus sujettes aux effets secondaires des vaccins en raison d’une plus forte réponse immunitaire. “Généralement, les femmes ont un niveau d’anticorps plus élevé ainsi qu'un plus grand nombre de lymphocytes B, détaille Ashley Fink, de la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, dans une étude publiée en 2018 dans la revue Current Opinion in Physiology. Or, une plus grande production d'anticorps implique une réponse plus forte au vaccin.” La chercheuse propose d’adapter les doses de vaccin selon les sexes et d’injecter des doses réduites aux femmes.
Une seule dose pour les patients déjà infectés
Une nouvelle étude, publiée le 10 mars dans le New England Journal of Medicine, confirme que pour les patients déjà infectés par le virus, une seule dose de vaccin Pfizer ou Moderna suffit à les protéger. Ils pourraient même être davantage protégés que ceux qui ont reçu deux injections mais qui n’ont jamais attrapé le virus. “Nous espérons que ces données (...) aideront à former des politiques de vaccination plus nuancées”, a conclu Viviana Simon, co-auteure et professeure de microbiologie à l'Icahn School of Medicine at Mount Sinai, à New York. Pour les personnes ayant déjà été infectées par le virus, “la première dose de vaccin agit comme un rappel, rendant la seconde dose superflue”, a-t-elle ajouté.
L’étude a été réalisée sur des échantillons sanguins de 110 personnes, dont 67 n'avaient pas déjà été infectées par le virus et 43 l'avaient été. Les résultats ont montré qu'après la première dose, les participants ayant déjà eu le Covid-19 “ont rapidement développé des niveaux d'anticorps uniformes et élevés dans les jours suivant” l'injection. Les niveaux d'anticorps de ces personnes étaient 10 à 45 fois plus élevés que celles n'ayant pas été précédemment infectées, selon les scientifiques, qui ont prélevé des échantillons à intervalle régulier. Après la deuxième dose, les niveaux d'anticorps parmi les personnes ayant déjà eu la maladie étaient toujours six fois plus hauts en moyenne que chez les autres. “Aucune augmentation dans les titres d'anticorps n'a été observée chez les anciens malades du Covid-19 ayant reçu la seconde dose”, ont précisé les chercheurs.