- La Debaryomyces hansenii se trouverait en quantité plus élevée chez les patients malades.
- La concentration est bien plus importante dans les régions enflammées des intestins que dans les autres zones.
- La Debaryomyces hansenii augmenterait les niveaux de CCL5, qui accentueraient l’inflammation des malades.
En France, plus de 120 000 personnes sont atteintes de la maladie de Crohn selon la Société nationale française de gastro-entérologie. Il s’agit d’une inflammation du tube digestif qui peut atteindre l’ensemble des segments digestifs de l’oesophage à l’anus. Selon une récente étude, publiée dans la revue Science, une infection microbienne empêcherait la guérison de cette pathologie. Celle-ci serait provoquée par un type de levure appelée Debaryomyces hansenii et présente dans le fromage et la viande. Une levure est un champignon unicellulaire qui influence la fermentation des matières organiques. Chez les patients malades, les chercheurs auraient retrouvé la Debaryomyces hansenii en quantité beaucoup plus élevée que ceux n’ayant pas cette pathologie. Plus précisément, cette levure serait plus présente dans les zones enflammées du côlon et de l’intestin grêle ainsi que dans les plaies intestinales non cicatrisées des patients atteints de cette pathologie.
Debaryomyces hansenii : des quantités élevées chez les patients malades
Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont d’abord comparé des biopsies de tissu intestinal de patients sains et de ceux atteints de la maladie de Crohn. Ces derniers avaient de forts niveaux de Debaryomyces hansenii, alors que seulement 10% des patients sains en avaient. Les scientifiques ont ensuite tenté de déterminer où la Debaryomyces hansenii était la plus localisée chez les patients malades. Ils ont ainsi observé que chez une même personne atteinte de cette pathologie, la concentration était bien plus importante dans les régions enflammées de ses intestins que dans les autres zones. Les auteurs de l’étude ont ensuite travaillé sur des souris afin de comprendre le rôle de la Debaryomyces hansenii sur la cicatrisation intestinale. Ils ont retrouvé des niveaux élevés de cette levure dans les plaies intestinales, ce qui signifie qu’elle s’y loge et s’y développe, empêchant ainsi leur cicatrisation. Cette mauvaise cicatrisation favoriserait l’inflammation chronique, mais n’en serait pas la cause.
La Debaryomyces hansenii augmente les niveaux de CCL5
Néanmoins, c’est en raison de l’action inflammatoire de la Debaryomyces hansenii que les patients ne pourraient pas guérir de la maladie de Crohn. Cette levure aurait un impact sur une cytokine (hormone du système immunitaire) spécifique appelée chimiokine ligand 5 ou CCL5. La Debaryomyces hansenii augmenterait les niveaux de CCL5, qui accentueraient l’inflammation des malades. Ainsi, les scientifiques estiment que de nouveaux traitements pourraient être élaborés en ciblant CCL5 ou la Debaryomyces hansenii. Mais, à l’avenir, d’autres études devront déterminer l’action de la Debaryomyces hansenii chez les individus sains - a priori, sans danger - et chez ceux atteints de la maladie de Crohn, notamment son rôle dans le développement de la pathologie et son action sur d'autres composants du microbiome et du système immunitaire.
Une maladie qui se manifeste par poussées
La maladie de Crohn peut survenir à tout âge. Aucune cause n’a précisément été déterminée, mais plusieurs facteurs seraient impliqués : génétiques, infectieux, immunologiques… La plupart du temps, les malades vivent et mangent normalement. Sauf lors des poussées qui sont une inflammation de la paroi du tube digestif. Celle-ci provoque de nombreux symptômes : douleurs abdominales, diarrhées, altération de l’état général, légions de la région anale, comme des fissures ou des fistules. La maladie de Crohn est incurable, mais lors de ces poussées, des traitements existent pour en diminuer les symptômes, comme la prise de médicaments anti-inflammatoires. En complément, les médecins recommandent aussi aux patients de suivre un régime particulier - et assez contraignant - afin de réduire l’inflammation de l’intestin.
A terme, cette nouvelle étude pourrait ouvrir de nouvelles pistes thérapeuthiques et soulager les malades.