72 000 séjours hospitaliers ont eu lieu pour appendicites en France en 2015, selon l’Assurance maladie. Environ 56 % de toutes les appendicites aiguës seraient non compliquées contre 44% en moyenne pour les formes compliquées. Une étude menée par par des scientifiques irlandais de l'université de médecine et des sciences de la santé RCSI, vient d’être publiée dans les Annals of Surgery. Celle-ci conforte l’idée que la chirurgie - plutôt qu’un traitement antibiotique uniquement - devrait rester la première façon de prendre en charge l'appendicite aiguë non compliquée.
Traitement de l’appendicite : opération chirurgicale ou antibiothérapie
L’appendicite est une inflammation aiguë, par infection de l’appendice. Elle peut survenir à tout âge, mais elle intervient surtout chez le grand enfant. Les symptômes sont généralement de la fièvre avec nausées, des vomissements parfois et des douleurs abdominales concentrées sur la droite du ventre. La palpation de cette zone engendre une tension des muscles et de la paroi de l’abdomen. Pour la grande majorité des cas, une opération chirurgicale est effectuée pour retirer l’appendice. Si celle-ci n’est pas effectuée à temps, les complications peuvent être graves.
Mais, avec l’évolution de la médecine, le traitement par prises d’antibiotiques uniquement - l’antibiothérapie - est apparu comme une option alternative qui offrait plusieurs avantages aux patients comme aux hôpitaux : rétablissement plus rapide, traitement moins effrayant, moins de douleur, réduction du nombre d’interventions dans les blocs opératoires, etc. Néanmoins, de précédentes études ont montré que l’antibiothérapie n’était pas aussi efficace que l’opération chirurgicale, que le taux d’échec de ce traitement médicamenteux était important et que la qualité de vie des patients était moins bonne que ceux ayant eu recours à la chirurgie.
186 patients ont été suivis pendant un an après leur appendicite
Les chercheurs irlandais ont donc travaillé sur cette question et l’ont tranchée : pour eux, l’intervention chirurgicale est préférable au traitement antibiotique. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont comparé l’efficacité de la prise en charge ainsi que la qualité de vie de 186 patients après l’une ou l’autre de ces deux méthodes. Tous les participants avaient une appendicite aiguë non compliquée mais ils étaient répartis en deux groupes : traitement antibiotique ou intervention chirurgicale.
Les patients traités uniquement avec des médicaments ont reçu des antibiotiques intraveineux jusqu'à ce qu'il y ait une amélioration de leurs symptômes. Puis, ils ont eu des antibiotiques oraux pendant cinq jours. Dans le second groupe, les participants ont subi une opération pour retirer leur appendice. Les mois suivants, les patients des deux groupes ont répondu à des questionnaires à une semaine, un mois, trois mois et douze mois sur leur qualité de vie, à savoir : le niveau de douleur, la nécessité d'un congé de maladie supplémentaire, les infections du site opératoire et le développement d'une appendicite récurrente.
25% des patients traités par antibiothérapie ont eu une récidive
Les résultats indiquent qu'un traitement antibiotique seul entraînait des taux de récidive élevés et une qualité de vie inférieure. Dans le détail, 25% des personnes n’ayant eu que des antibiotiques ont présenté une récidive d'appendicite aiguë dans l’année. En revanche, ceux qui s’étaient fait retirer l'appendice rapportaient une qualité de vie bien meilleure.
«Le traitement antibiotique uniquement de l'appendicite aiguë non compliquée a été proposé comme une alternative de traitement moins invasive pour les patients, explique le professeur Arnold Hill, directeur de la faculté de médecine et professeur de chirurgie RCSI. L'essai visait à déterminer si un traitement antibiotique seul pouvait remplacer la chirurgie dans certains cas, ce qui pourrait offrir de nombreux avantages pour les patients et les hôpitaux. Les résultats indiquent que les protocoles de traitement ne devraient pas changer. La chirurgie offrira les meilleurs résultats aux patients en termes de qualité de vie et de récidive et devrait donc rester le premier traitement de l'appendicite aiguë non compliquée.”