Comme des dominos, de nombreux pays européens ont tour à tour suspendu l’utilisation du vaccin développé par le laboratoire suédois AstraZeneca avec les chercheurs de l’université britannique d’Oxford. La raison : plusieurs cas de thromboses sont apparus quelques jours après l’injection du produit. Des études sont en cours au sein de l’Agence européenne du médicament pour évaluer le risque et rendre un avis, attendu ce jeudi.
De la thrombose à l’embolie pulmonaire
Les thromboses correspondent à la formation de caillots sanguins. En France, cette pathologie est courante et touche environ 300 000 personnes chaque année. Cela commence par des plaquettes que l’on a dans le sang qui vont s’agréger les unes aux autres jusqu’à former un caillot qui peut, selon sa taille, bloquer partiellement ou complètement une veine ou une artère. Quand cela touche une veine, on parle de thrombose veineuse dont la plus fréquente est la phlébite qui concerne les veines situées dans les jambes. La phlébite se manifeste par une douleur au niveau du mollet qui devient rouge, chaud et douloureux.
Dans certains cas, la thrombose peut devenir très grave et le caillot peut migrer, se retrouver dans les poumons et entraîner une embolie pulmonaire qui peut conduire à une détresse respiratoire, voire même un arrêt cardiaque. Une simple échographie permet de la diagnostiquer. Le dépistage précoce est essentiel pour éviter que la situation ne s’aggrave et que le caillot bloque des vaisseaux sanguins vitaux. Les anticoagulants sont le traitement le plus efficace et permettent de fluidifier le sang pour éviter l’apparition de nouveaux caillots.
Des thromboses veineuses cérébrales en lien avec AstraZeneca suspectées
Dans le cadre du vaccin AstraZeneca, ce qui inquiète les autorités de santé est un éventuel lien entre le vaccin et des cas de thromboses veineuses cérébrales. “Le risque est très faible. Mais si ces cas devaient être en lien avec la vaccination, il s'agirait d'un risque supérieur à la moyenne”, a souligné le ministre de la Santé allemand, Jens Spahn, en évoquant la survenue de 7 cas de thrombose cérébrale sur 1,6 million de doses d'AstraZeneca administrées sur son territoire. En temps normal, sur une telle population, on devrait statistiquement avoir “environ 1 à 1,4 cas” de thrombose veineuse cérébrale. En tout, l’Agence européenne du médicament étudie la relation entre les injections d'AstraZeneca et 11 cas de thrombose veineuse cérébrale détectée parmi 17 millions de personnes vaccinées dans l’Union européenne.
Malgré ces craintes, l'EMA s'est dite “fermement convaincue” des avantages du vaccin AstraZeneca contre la Covid-19. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui se penche également sur le sujet, continue, elle aussi, de recommander l’utilisation de ce sérum. Par ailleurs, il est établi que le virus lui-même peut provoquer des caillots sanguins. “Certains des problèmes de coagulation actuellement observés pourraient avoir été provoqués non pas par le vaccin, mais par la Covid”, avance le Professeur Stephen Evans de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, cité par l'organisme britannique Science Media Centre.