- Les scientifiques ont utilisé la spectrométrie de masse à haute résolution pour identifier 109 produits chimiques dans l'organisme de femmes enceintes et de leurs nouveau-nés.
- Parmi ces substances, 40 sont utilisées comme plastifiants, 28 dans les cosmétiques, 25 dans les produits de consommation, 29 comme produits pharmaceutiques, 23 comme pesticides, 3 comme retardateurs de flamme et 7 comme composés PFAS, présent dans les moquettes.
- 55 n'avaient jamais été découvertes chez l'humain et 42 sont d'origine et d'utilisation inconnues.
Peu importe notre environnement et notre alimentation, nous ingérons tous à notre insu des substances chimiques dont les effets sur notre santé sont parfois inconnus. La question, combien de ces produits chimiques sont présents dans notre organisme ?
Des chercheurs de l’université de Californie à San Francisco apportent une réponse pour le moins alarmante. En menant une étude sur des femmes enceintes, ils ont détecté dans leur sang et celui de leurs nouveau-nés pas moins de 109 produits chimiques, ce qui suggère qu’ils traversent le placenta de la mère. Les résultats viennent d’être publiés dans la revue Environmental Science & Technology.
Des substances chimiques jamais indiquées par les industriels
D’où viennent ces substances chimiques ? D’après les chercheurs, elles proviennent très certainement de produits de consommation, ainsi que d’autres sources industrielles. "Ces produits chimiques sont probablement présents dans l'organisme depuis un certain temps, mais notre technologie nous aide maintenant à en identifier davantage", explique le Pr Tracey J. Woodruff, qui a dirigé l’étude. Il est alarmant de constater que certains produits chimiques continuent de passer des femmes enceintes à leurs enfants, ce qui signifie que ces produits peuvent être présents chez nous pendant des générations."
Pour détecter ces substances chimiques dans l’organisme, les scientifiques ont utilisé la spectrométrie de masse à haute résolution (SMHR)
L'équipe scientifique a utilisé la spectrométrie de masse à haute résolution (HRMS) pour identifier les produits chimiques d'origine humaine chez les personnes. Elle s’est toutefois heurtée à un problème : bien qu’il existe des chimiothèques pour identifier les substances chimiques, les industriels ne mettent pas toujours à disposition les substances qui composent leurs produits.
"Ces nouvelles technologies sont prometteuses car elles nous permettent d'identifier davantage de substances chimiques chez les gens, mais les résultats de notre étude montrent clairement que les fabricants de produits chimiques doivent fournir des normes analytiques afin que nous puissions confirmer la présence de substances chimiques et évaluer leur toxicité", souligne le co-auteur principal Dimitri Panagopoulos Abrahamsson.
42 produits de source ou d’utilisation totalement inconnues
Parmi les 109 substances chimiques que les chercheurs ont trouvées dans les échantillons de sang des femmes enceintes et de leurs nouveau-nés, 40 sont utilisées comme plastifiants, 28 dans les cosmétiques, 25 dans les produits de consommation, 29 comme produits pharmaceutiques, 23 comme pesticides, 3 comme retardateurs de flamme et 7 comme composés PFAS, qui sont utilisés dans les moquettes ou les tissus d'ameublement. Mais selon les chercheurs, il est possible que tous ces produits chimiques aient d'autres utilisations.
Par ailleurs, 55 des 109 produits n’ont jamais été signalés précédemment chez l’humain, et 42 sont d’origine totalement inconnue. "Il est très inquiétant que nous soyons incapables d'identifier les utilisations ou les sources d'un si grand nombre de ces produits chimiques", s’alarme le Pr Woodruff. Elle estime d’ailleurs que l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis "doit faire un meilleur travail en demandant à l'industrie chimique de normaliser ses rapports sur les composés chimiques et leurs utilisations". Elle doit aussi "utiliser son autorité pour s'assurer que nous disposons d'informations adéquates pour évaluer les dommages potentiels pour la santé et retirer du marché les produits chimiques qui présentent un risque".