Face à la violence quotidienne ordinaire qui plombe la cité phocéenne et les services hospitaliers, les responsables marseillais passent à la vitesse supérieure. La direction générale de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) a en effet présenté en début de semaine un plan de prévention de la violence comprenant 30 mesures. Son but, refaire de l'hôpital un « sanctuaire » dans lequel les personnels soignants travaillent en toute sécurité.
Un dispositif de sécurité renforcé
Parmi les mesures annoncées, il est notamment prévu d'aménager quelques chambres avec sas de sécurité dans des services de médecine et de chirurgie. Il s'agit ici de répondre à la nécessité de devoir isoler certains patients pour des raisons sécuritaires. La mesure était on s'en souvient réclamée depuis des années par l'Association des Médecins Urgentistes de France.
Par ailleurs, l'AP-HM souhaite limiter au strict minimum les points d'entrée et de sortie sur les sites hospitaliers la nuit. Les unités plus exposées, qui sont susceptibles de recevoir des patients blessés par arme blanche ou arme de poing, pourront isoler physiquement leurs locaux par la fermeture des portes d'accès, notamment la nuit.
L'AP-HM propose également d'équiper le personnel devant se déplacer seul la nuit d'un dispositif d'appel individuel relié au PC sécurité et permettant d'alerter les secours. « Ce dispositif doit permettre de géolocaliser l'agent pour une prise en charge rapide », a indiqué la direction à l'Agence presse médicale.
Des mesures en plus pour les urgences
S'agissant des urgences, où la violence est encore plus importante, il a été demandé à la direction départementale de la sécurité publique de réactiver le dispositif de patrouilles, notamment la nuit. En parallèle de ces patrouilles nocturnes assurées par la police nationale, il va être demandé à la police municipale d’effectuer dans la journée le même type de rondes.
Une mesure radicale qui était demandée depuis peu par le Pr Marc Alazia, chef de service aux urgences de l'hôpital de la Conception, lieu où s'est déroulée récemment l'agression d'un infirmier. Soutenu par la Fédération Hospitalière de France, ce dernier souhaitait il est vrai « la présence aux urgences d'une force de police dissuasive et 24H/24. »
Pour aider ces forces de l'ordre dans leur travail, la direction souhaite également optimiser les systèmes de vidéosurveillance en place avec capture systématique des images et utilisation en cas de violences et éventuellement enregistrement des propos tenus.
Enfin, constatant que les principales zones de tensions se situent dans les salles d'attente, une des mesures concerne la mise en place au niveau des urgences adultes et pédiatriques d'agents de médiation qui auront la lourde charge de désamorcer les situations potentiellement explosives.
Pourtant, là où le bât blesse, c'est sur le financement de ces mesures puisque « plusieurs impliquent de revoir certaines organisations budgétaires », a précisé l'AP-HM. Des discussions avec l'Agence régionale de santé PACA sont d'ailleurs actuellement en cours à ce sujet.