La générosité est une question d’hormone. C’est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs suisses et chinois récemment publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) qui avance que des niveaux élevés de testostérone sont corrélés à un comportement moins généreux et plus égoïste.
Deux choix : s’enrichir ou en faire profiter l’autre ?
Des recherches antérieures ont montré que des niveaux élevés de testostérone chez les hommes peuvent entraîner des changements dans la prise de décision, un comportement antisocial, des dommages dans les relations amoureuses et, dans certains cas, une augmentation du désir de biens matériels. Pour rappel, la testostérone est une hormone principalement produite, chez les hommes, dans les testicules et les glandes surrénales. Cette hormone est également produite chez la femme par les ovaires, en plus faible quantité.
Les chercheurs ont mené plusieurs expériences chez des volontaires masculins pour étudier le lien entre les taux de testostérone et la générosité. Pour cela, ils ont séparé les 70 volontaires, âgés de 18 à 25 ans, en deux groupes : l’un utilisant un gel contenant 150 milligrammes de testostérone et l’autre, un gel placebo à base d’eau et d’alcool. Chacun des participants s’est vu appliquer le gel sur le haut des bras et les épaules. Les scientifiques ont ensuite demandé à tous les volontaires d’évaluer la proximité sociale qu’ils entretiennent avec plusieurs personnes, allant de membre de leur famille à de parfaits inconnus. Les chercheurs leur ont donné une somme d’argent qu’ils devaient soit garder soit partager avec les personnes concernées. Pendant ce temps, les chercheurs ont analysé le cerveau des participants à l’aide d’une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).
Plus d’égoïsme envers les personnes dont on se sent le moins proche
L’analyse des résultats a montré que les volontaires ont donné à peu près la même chose aux personnes dont ils se sentent proches. Mais lorsqu’il a fallu répartir l’argent pour des personnes moins proches, ceux qui ont reçu de la testostérone se sont révélés moins généreux. Dans le détail, les chercheurs ont observé des différences d’activité dans la jonction temporopariétale, une région du cerveau impliquée dans l’empathie. “La testostérone est associée à un comportement agressif chez les animaux et les humains, ont conclu les chercheurs. Ici, nous établissons un lien entre l'augmentation de la testostérone et l'égoïsme dans la prise de décision économique et identifions les mécanismes neuronaux par lesquels la testostérone réduit la générosité. Nous constatons que la testostérone induit des choix plus égoïstes, en particulier lorsque d'autres personnes éloignées sont concernées.”