- L'étude, menée sur plus de 2 700 participants, montre que de petits facteurs de stress quotidiens peuvent être bénéfiques pour nos fonctions cognitives en nous efforçant de résoudre des problèmes.
- Les personnes déclarant ne jamais être stressées ont obtenu de moins bons résultats au test de cognition et sont aussi moins susceptibles de ressentir des émotions positives.
- Cela suggère que le stress, bien que gênant, est aussi le synonyme d'une vie bien remplie, porteuse de défis et d'émotions positives.
De nombreuses et de multiples études ont étudié l’impact du stress sur notre santé. Facteur de risque des maladies cardiovasculaires, dont l’hypertension artérielle, il est aussi responsable de l’oxydation et du vieillissement cellulaire, d’un déficit immunitaire, et peut être, entre autres, la cause d’ulcères gastriques. Il est aussi suspecté de jouer un rôle dans l’accélération de l’évolution du diabète de type II et du cancer.
Aussi néfaste soit-il pour notre santé, le stress n’engendre pourtant pas que des inconvénients. Dans une étude publiée par la Penn State University (États-Unis) dans la revue Emotion, des chercheurs suggèrent que de petits facteurs de stress quotidiens pourraient, même s’ils sont gênants, être bénéfiques pour nos fonctions cognitives. Et, qu’au contraire, les personnes n’étant jamais soumises au stress, avaient une fonction cognitive plus faible.
"Il est possible que le fait de subir des facteurs de stress vous donne l'occasion de résoudre un problème, par exemple de réparer votre ordinateur qui est soudainement tombé en panne avant une réunion importante de Zoom, développe le Pr David Almeida, qui a dirigé les travaux. Ainsi, l'expérience de ces facteurs de stress peut ne pas être agréable, mais elle peut vous obliger à résoudre un problème, et cela pourrait en fait être bon pour le fonctionnement cognitif, en particulier lorsque nous vieillissons."
Une perte cognitive équivalent à huit années
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé les données de 2 711 participants, qui ont effectué un court test de cognition avant le début de l’étude. Ils ont ensuite été interrogés chaque soir pendant huit nuits consécutives, et ont répondu à des questions sur leur humeur, les affections chroniques dont ils pouvaient souffrir, leurs symptômes physiques - tels que les maux de tête, la toux ou les maux de gorge - et ce qu'ils avaient fait pendant la journée.
Les volontaires ont enfin indiqué le nombre de facteurs de stress - comme des désaccords avec des amis ou des membres de la famille ou un problème au travail - et le nombre d'expériences positives - comme le fait de rire avec quelqu'un à la maison ou au travail -, qu'ils avaient vécus au cours des 24 heures précédentes.
Après avoir analysé les données, les chercheurs ont constaté que les personnes qui n'avaient signalé aucun facteur de stress tout au long de l'étude, soit environ 10 % des participants, étaient moins susceptibles de souffrir de problèmes de santé chroniques et d'avoir une meilleure humeur au cours de la journée.
Les sujets n’ayant déclaré aucun facteur de stress ont également obtenu de moins bons résultats au test de cognition, la différence équivalant à plus de huit ans de vieillissement. En outre, ils étaient également moins susceptibles de déclarer avoir donné ou reçu un soutien émotionnel, ainsi que moins susceptibles de ressentir des choses positives au cours de la journée.
Selon le Pr Almeida, "le fait de vivre de petits facteurs de stress quotidiens, comme se disputer avec quelqu'un, avoir un ordinateur en panne ou être coincé dans les embouteillages, peut être un marqueur pour quelqu'un qui a une vie bien remplie. Le fait d'être un peu stressé est simplement un indicateur que vous êtes engagé dans la vie". "Les facteurs de stress sont des événements qui créent des défis dans nos vies", conclut-il.