- Menée sur 84 participantes âgées de 10 à 22 ans dont certaines souffrant d'anorexie mentale, l'étude montre que celles ayant des niveaux élevés de ghréline avaient tendance à accepter une récompense financière immédiate, mais moins importante, tandis que les autres préféraient attendre pour obtenir un gain plus important.
- L'étude montre aussi que des niveaux élevés ou faibles de ghréline n'a pas influencé la prise de décision des participantes souffrant d’anorexie mentale.
Découverte il y a un peu plus de vingt ans, la ghréline est une hormone produite par l’estomac et le pancréas qui stimule l’appétit en communiquant avec les neurones qui envoient ensuite des signaux à l’hypothalamus, impliqué dans le traitement de la récompense. Communément appelée l’"hormone de la faim", la gréline aurait aussi une influence sur notre prises de décision en matière de gestion financière.
C’est ce que montre une nouvelle étude présentée à l’ENDO 2021, le congrès annuel de l’Endocrine Society qui se tenait cette année virtuellement, et menée par des chercheurs du Massachusetts General Hospital (États-Unis). Selon ces derniers, des niveaux élevés de ghréline peuvent occasionner des comportements monétaires impulsifs.
"Nos résultats indiquent que la ghréline pourrait jouer un rôle plus large que celui qui avait été précédemment reconnu dans le comportement et la prise de décision liés à la récompense chez l'homme, comme les choix monétaires, explique Franziska Plessow, autrice principale des travaux. Nous espérons que cela inspirera de futures recherches sur son rôle dans la perception et le comportement humains indépendants de la nourriture."
Des choix monétaires plus impulsifs
Cette étude a porté sur 84 participantes âgées de 10 à 22 ans. Cinquante d’entre elles souffraient d’un trouble du comportement alimentaire lié à l'insuffisance pondérale comme l'anorexie mentale, et 34 étaient des participantes témoins en bonne santé.
L’équipe de recherche a testé les taux sanguins de ghréline des volontaires avant et après un repas identique pour toutes les participantes, qui avaient été préalablement à jeun. Après le repas, toutes ont passé un test de décisions financières hypothétiques, appelé "delay discounting task" : on leur a demandé de faire une série de choix pour indiquer leur préférence pour une récompense monétaire immédiate plus faible ou une somme d'argent différée plus importante, par exemple 20 dollars aujourd'hui ou 80 dollars dans 14 jours.
Les résultats ont montré que les filles et les jeunes femmes en bonne santé qui présentaient des taux de ghréline plus élevés étaient plus susceptibles de choisir la récompense monétaire immédiate mais moins importante plutôt que d'attendre une somme d'argent plus importante. Cette préférence indique selon les chercheurs des choix plus impulsifs.
Pas d’influence de la ghréline chez les jeunes femmes anorexiques
Fait intéressant, les scientifiques ont remarqué que les niveaux élevés ou faibles de ghréline n’avaient aucune incidence chez les participantes souffrant d’anorexie mentale, et ce quel que soit leur âge. Des études précédentes avaient déjà démontré que les personnes atteintes de ce trouble alimentaire présentaient généralement une résistance à la ghréline. Cette nouvelle étude confirme donc cette hypothèse.