- Menée sur des souris, l'étude présentée à l'ENDO 2021 montre qu'un composé des champignons de Paris supprimait l'activité des récepteurs androgènes, diminuait la croissance des tumeurs de la prostate, ainsi que les niveaux sanguins d’antigène prostatique spécifique (PSA).
Avec 50 403 nouveaux cas en 2015 en France métropolitaine et 8 115 décès estimés en 2018, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez les hommes de plus de 50 ans.
La prostate est soumise continuellement à l’action des hormones sexuelles mâles, les androgènes (dont fait partie la testostérone). Ces androgènes sont nécessaires pour assurer la croissance et le fonctionnement normal de la prostate. Mais ces hormones peuvent aussi provoquer le cancer de la prostate lorsqu’elles se lient aux récepteurs des androgènes (RA), puis les activent. Les récepteurs des androgènes sont des protéines produites par les cellules de la prostate. Une fois ces récepteurs liés aux androgènes, ils peuvent stimuler l’expression de certains gènes qui entraînent la croissance des cellules prostatiques malignes.
Mais, selon une nouvelle étude menée par le Beckman Research Institute of City of Hope, un centre de lutte contre le cancer situé en Californie, les champignons de Paris peuvent supprimer l’activité du récepteur des androgènes, et donc ralentir la progression du cancer de la prostate. L’étude a été présentée virtuellement à ENDO 2021, le congrès annuel de l'Endocrine Society.
Une diminution des niveaux d’antigène prostatique spécifique
Le chercheur Shiuan Chen, auteur principal de l’étude, a précédemment mené un essai clinique de phase 1 au cours duquel il a testé l’efficacité de la poudre de champignons de Paris auprès de patients atteints d'un cancer de la prostate récurrent. Les résultats indiquaient que les champignons réduisaient les niveaux d’antigène prostatique spécifique (PSA) dans le sang, avec des effets secondaires minimes. L'augmentation du PSA dans le sang chez les hommes peut indiquer l'existence de tumeurs de la prostate.
Ces nouveaux travaux visent à comprendre le mécanisme à l'origine de cette découverte. Cette fois-ci, l’équipe de recherche a étudié l'effet de l'extrait de champignon sur les cellules cancéreuses de la prostate sensibles aux androgènes. Pour cela, elle a utilisé des souris auxquelles ont été implantées des tumeurs prostatiques humaines. Ce procédé permet de créer un modèle animal dont les résultats seront plus fiables lors de l'application de la recherche aux essais cliniques sur l'homme.
Une ralentissement de la croissance des tumeurs
Les chercheurs ont constaté que dans les cellules cancéreuses de la prostate, l'extrait de champignon de Paris supprimait l'activité des récepteurs androgènes. Ils ont également constaté que chez les souris traitées pendant six jours à l'extrait de champignon de Paris, la croissance des tumeurs de la prostate était significativement ralentie et les niveaux de PSA avaient diminué.
"Nous avons découvert que les champignons de Paris contiennent des substances chimiques capables de bloquer l'activité du récepteur des androgènes chez les modèles de souris, ce qui indique que ce champignon peut réduire les niveaux de PSA, affirme le Pr Wang, co-auteur de l’étude. Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires, il est possible que les champignons de Paris puissent un jour contribuer à la prévention et au traitement du cancer de la prostate."