- L'augmentation du nombre de personnes obèses contribue à la dégradation de l'état de santé des jeunes générations aux USA
- Le risque est de voir se développer les maladies chroniques avec le vieillissement de ces générations
La santé des jeunes se dégrade. Aux États-Unis, des chercheurs de l’université de l’Ohio s’alarment de ce phénomène. Dans American Journal of Epidemiology, ils présentent les résultats de leur étude sur le sujet. Grâce à des données datant de 1988 à 2018, ils ont pu constater que les jeunes d’aujourd’hui sont en moins bonne santé que les jeunes d’hier. "La dégradation de la santé des jeunes, que nous avons constatée dans les générations X et Y, est alarmante", annonce Hui Zheng, auteur principal de cette recherche. La génération X représente les personnes nées entre 1966 et 1976, et la génération Y celles nées entre 1980 et 1990. "Si nous ne faisons rien pour ralentir cette tendance, poursuit-il, nous allons être potentiellement confrontés à une augmentation des taux de mortalité lorsque ces générations vieilliront."
Différents critères analysés
Pour parvenir à ces conclusions, il s’est basé sur la notion de syndrome métabolique : une série de facteurs qui augmentent le risque de maladie cardiovasculaire, rénale et de diabète. Parmi eux, il y a notamment le tour de taille, la pression sanguine, le taux de cholestérol et l’indice de masse corporelle (IMC). Avec son équipe, le scientifique s’est également intéressé au taux d’albumine dans les urines, qui est un signe d’inflammation. Ils constatent que ces différentes données sont moins bonnes pour les dernières générations, en comparaison à la précédente. Elles ont pour conséquence une augmentation des syndromes métaboliques chez les Blancs aux États-Unis, et une hausse de l’inflammation chronique chez les Noirs américains, précisent les scientifiques. Pour Hui Zheng, c’est une "découverte choquante".
Qu’est-ce qui explique ce déclin ?
Plusieurs différences de mode de vie entre ces générations peuvent expliquer la dégradation de l’état de santé des jeunes. La prévalence de l’obésité dans le pays contribue, au moins en partie, à l’augmentation des cas de syndrome métabolique. Aux États-Unis, 39% de la population est obèse. Toutefois, les chercheurs constatent que d’autres changements d’habitude contribuent à ce phénomène. Dans le pays, l’anxiété et la dépression sont beaucoup plus fréquentes dans la nouvelle génération, en comparaison à la précédente. La consommation de drogues a également augmenté pour la génération X, alors qu’elle avait précédemment diminué. L’alcoolisme est aussi plus fréquent. "Les résultas suggèrent que la probabilité d’avoir déjà fumé a augmenté de manière continue à travers les générations", expliquent les chercheurs, alors que la consommation de cigarettes ne fait que diminuer dans le pays depuis la fin des années 1970. "L’une des possibilités est que les gens des générations plus âgées sont très nombreux à arrêter de fumer, alors que les plus jeunes ont plus de risque de commencer." Avec son équipe, ils comptent poursuivre leurs recherches sur les causes de cette dégradation de la santé des jeunes. Hui Zheng appelle d’ores et déjà à la mise en place de politiques de santé publique pour éviter que ces générations souffrent de maladies chroniques quand elles vieilliront.