- Les neutrophiles associés à des tumeurs métabolisent le glucose de manière plus efficace
- C'est ce qui permet à la tumeur de se développer
- Bloquer cette action du glucose dans les neutrophiles améliorerait l'efficacité des radiothérapies
Mieux comprendre l’environnement des tumeurs permet de trouver des cibles thérapeutiques pour les éliminer. Des chercheurs de l’école polytechnique fédérale de Lausanne, en Suisse, se sont intéressés à celui qui englobe les tumeurs du poumon. Elles sont entourées de cellules immunitaires : les lymphocytes T et les neutrophiles. Si les premières ont été beaucoup étudiées, et sont devenues la cible de l’immunothérapie, les neutrophiles sont encore peu connues. Dans Cancer Research, cette équipe scientifique révèle que leur relation au glucose apporte de précieuses informations sur la tumeur résistante des poumons.
Le glucose, un outil de résistance aux traitements pour les tumeurs
Les chercheurs ont voulu comprendre si les neutrophiles favorisent ou bloquent la croissance des tumeurs. Ils ont comparé le métabolisme de neutrophiles associées à des tumeurs (TAN), à celles de poumons sains chez la souris. "Les TAN absorbent et métabolisent le glucose de manière beaucoup plus efficace que les neutrophiles de poumons sains", expliquent-ils dans un communiqué. Elles expriment également davantage la protéine Glut1, présente sur la surface des cellules et permettant une meilleure assimilation du glucose. "Pour comprendre l’importance de Glut1 dans les neutrophiles au cours du développement d’une tumeur pulmonaire in vivo, nous avons utilisé un système sophistiqué pour retirer spécifiquement Glut1 des neutrophiles", détaille Pierre-Benoît Ancey, principal auteur de l’étude. En réalisant cette expérience, ils ont découvert que Glut1 permet aux neutrophiles de vivre plus longtemps dans les tumeurs. "En l’absence de Glut1, nous avons observé de plus jeunes TAN dans le microenvironnement", complète-t-il. Ensuite, l’équipe a analysé les évolutions de la tumeur : sa croissance a été diminuée, et la radiothérapie était plus efficace. "La capacité des TAN à métaboliser efficacement le glucose semble aider la tumeur et favoriser sa capacité à résister au traitement – du moins dans le cancer du poumon, conclut-il. (…) Il est indéniable que nous commençons seulement à connaître ces fascinantes cellules dans le cancer."
Quelle est l’incidence du cancer du poumon ?
Le cancer du poumon est la première cause de décès par cancer chez l’homme, et la deuxième chez la femme. Chaque année, près de 45 000 cas sont diagnostiqués en France. L’un des principaux facteurs de risque est le tabagisme : d’après l’Institut national du cancer, il est responsable de huit cancers du poumon sur dix.