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Technologie innovante

ARN messager : un vaccin contre les cancers “d’ici quelques années”

La directrice médicale du laboratoire BioNTech, Ozlem Tureci, qui a développé le vaccin anti-Covid avec Pfizer, a annoncé que la technologie à ARN messager permettra de produire “d’ici quelques années” des traitements anticancéreux.

ARN messager : un vaccin contre les cancers “d’ici quelques années” iStock




L'ESSENTIEL
  • La technique de l'ARN messager a été utilisée pour accélérer la mise au point de vaccins contre la Covid-19
  • L'ARN messager donne les plans à nos cellules pour fabriquer les protéines qui vont lutter contre l'agent pathogène
  • Pour l’heure, aucune date de mise sur le marché d'un vaccin contre le cancer n’est avancée

La technologie à ARN messager va-t-elle révolutionner la médecine ? Elle a déjà joué un rôle important dans la recherche sur les vaccins contre la Covid-19 et a été utilisée par les laboratoires Pfizer et Moderna qui ont été les premiers à mettre au point des produits, qui ne sont pas loin d’être les plus efficaces contre le virus - respectivement 97% et 92%. Dans un entretien publié vendredi dernier avec l'agence américaine Associated Press, la scientifique allemande Ozlem Tureci, cofondatrice de BioNTech, a annoncé que son laboratoire étudie ce procédé de l'ARN messager pour mettre au point un vaccin contre le cancer.

“D’ici quelques années”

Dans son entretien, Ozlem Tureci a rappelé que la société travaille depuis quelques temps à appliquer la technologie de l’ARN messager contre les cancers. Ces travaux ont été interrompus face à l’émergence du SARS-CoV-2 et la nécessité de trouver rapidement un vaccin. Maintenant que celui-ci a été mis au point et qu’il présente une grande efficacité, les chercheurs se tournent désormais vers la lutte contre le cancer. “Nous avons plusieurs vaccins anticancéreux différents qui se basent sur l’ARN messager”, a indiqué la chercheuse.

Pour l’heure, aucune date de mise sur le marché n’est avancée. “Il est très difficile de faire des prédictions dans le domaine du développement de l'innovation, a-t-elle concédé. Mais nous escomptons que d'ici quelques années, nous aurons réussi à achever nos vaccins de manière à pouvoir les proposer aux gens.” Avec son succès dans la fabrication d’un vaccin anti-Covid, l’entreprise a reçu de nombreux fonds et financements qui vont l’aider à développer d’autres vaccins, comme celui contre le cancer. “Cela paie de prendre des décisions osées et de se fier au fait que si vous avez une équipe extraordinaire, vous serez capable de résoudre dans les temps n'importe quel problème et obstacle qui se présentent à vous”, a conclu Ozlem Tureci.

L’ARN messager, c’est quoi ?

L’ARN messager, ARNm ou acide ribonucléique message, désigne la copie faite d'un morceau d'ADN d'un ou plusieurs gènes. Comme le décrit l’Inserm, nos cellules ont besoin de protéines pour fonctionner. Les plans de fabrication de ces protéines – nos gènes - sont “gardés bien à l’abri, à l’intérieur du noyau cellulaire”. Or, les usines qui synthétisent les protéines – les ribosomes – sont quant à elles situées à l’extérieur de ce noyau. “Dès lors, la fabrication des protéines n’est pas réalisée à partir des plans originaux, mais en s’appuyant sur leur ‘duplicata’ : les ARN messagers”, poursuit l’Inserm. Les ARNm sont donc des molécules chargées de transmettre l’information codée dans notre génome, pour permettre la synthèse des protéines nécessaires au fonctionnement de nos cellules. “Lorsqu’une cellule a besoin d’une protéine, le plan de fabrication de cette dernière est ‘photocopié’. La copie ainsi générée – un ARN messager – est ensuite exportée hors du noyau et rejoint les ribosomes où elle permet la synthèse de la protéine demandée. Très instable et fragile, cette copie est ensuite rapidement détruite.”

En observant ce système, des chercheurs ont eu l’idée d’utiliser ces ARN messager pour mettre au point des vaccins, d’habitude basés sur l’administration d’un agent infectieux atténué ou inactivé. “L’objectif est de déclencher une réponse immunitaire dirigée contre le pathogène, associée à la production de cellules mémoires qui nous protégeront en cas d’infection ultérieure. Avec les vaccins à ARN messager, l’idée est de laisser nos cellules fabriquer elles-mêmes le composant contre lequel notre organisme va apprendre à se défendre”, décrypte l’Inserm. Ainsi, on injecte à l’organisme un ARN messager qui correspond au plan de fabrication d’une protéine du virus ciblé contre laquelle l’organisme va s’entraîner à lutter. “L’avantage de cette approche, c’est que les ARN sont bien plus simples et plus rapides à produire que les composants des vaccins ‘classiques’. Son défaut : la fragilité de ces petites molécules d’acide ribonucléique impose de conserver les préparations vaccinales à une température extrêmement basse”, conclut l’Institut.

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