- Ce puissant anti-inflammatoire fait partie du grand essai clinique randomisé britannique Recovery et est testé en France au travers de l’essai plateforme Corimuno-19, promu par l’APHP.
- Deux chercheurs ont émis des doutes sur le chiffre du million de patients sauvés mais confirment l'“impact important” du médicament.
- Un cocktail de deux anticorps monoclonaux, le casiriviman et l’imdevimab, a montré une réduction de 70% des risques d'hospitalisation et de décès dans des résultats d’un essai clinique de phase III.
Aux côtés des vaccins, la dexaméthasone est un allié de lutte solide contre la Covid-19. Le service de santé publique britannique, le National Health Service (NHS), affirme que ce médicament issu de la famille des stéroïdes a permis de sauver la vie d’environ un million de patients atteints d’une forme grave de Covid-19 à travers le monde. Ce puissant anti-inflammatoire fait partie du grand essai clinique randomisé britannique Recovery et est testé en France au travers de l’essai plateforme Corimuno-19, promu par l’APHP.
Des doutes sur chiffre d’un million
Le NHS s’appuie sur une étude parue le 10 février dans la revue Nature Communications qui avance que 650 000 patients ont été sauvés dans le monde grâce à la dexaméthasone entre juillet et décembre 2020. En ajoutant les trois premiers mois de l’année, on atteindrait même le chiffre de 1 400 000 vies épargnées, selon le service de santé britannique. Dès le début de l’essai clinique Recovery, lancé en mars 2020, le stéroïde est apparu comme le médicament qui offre les plus grandes chances de survie aux patients hospitalisés. “La dexaméthasone est le premier médicament dont on observe qu’il améliore la survie en cas de Covid-19, avaient annoncé le 16 juin dans un communiqué les responsables de l’essai Recovery. Une mort sur huit pourrait être évitée grâce à ce traitement chez les patients placés sous respiration artificielle.” Dans le détail, l’anti-inflammatoire permet de réduire le risque de décès de plus d'un tiers (36%) chez les patients sous respirateur artificiel et de près d'un cinquième (18%) chez ceux sous oxygène.
Le chiffre du million de personnes sauvées a été tempéré par Peter Horby, spécialiste des maladies infectieuses à l'université d'Oxford et à l'initiative de l’essai Recovery. “Un million est un grand nombre, juge-t-il au Guardian. C'est une estimation qui pourrait bien être inférieure ou supérieure à cela. Nous ne savons pas.” Malgré cela, il reconnaît que la dexaméthasone a “un impact important” sur le nombre de décès. Ses doutes ont été partagés par le professeur émérite de statistiques Kevin McConway, qui travaille à l'Open University de Londres. “Il est tout à fait vrai qu'un grand nombre de personnes sont en vie aujourd'hui grâce à la dexaméthasone, mais certains des chiffres semblent bien trop précis, plaide-t-il à Science Media Center. [...] Les détails sur la façon exacte dont ce nombre a été calculé sont vagues.”
Les anticorps monoclonaux également efficaces
Derrière la dexaméthasone, d’autres traitements démontrent leur efficacité contre les formes graves de Covid-19. Parmi eux, les anticorps monoclonaux présentent une efficacité dans la réduction des hospitalisations et des décès. Un cocktail de deux anticorps monoclonaux, le casiriviman et l’imdevimab, a montré une réduction de 70% de ces deux risques dans des résultats d’un essai clinique de phase III réalisé sur 4 567 volontaires. En plus de diminuer les risques d'hospitalisations et de décès, ces deux anticorps monoclonaux semblent réduire la durée des symptômes de 4 jours, ces derniers passant de 14 jours à 10 jours. Enfin, il est également associé à une diminution de la charge virale chez les patients asymptomatiques ou atteints d'une forme légère de la maladie.
L'ANSM a autorisé le 15 mars dernier l’utilisation temporaire de la combinaison casirivimab-imdevimab pour les personnes à risque important, susceptibles de développer une forme grave de la Covid-19. Le cocktail n'a pas encore obtenu d'autorisation de mise sur le marché (AMM), mais l'Agence européenne des médicaments a émis un avis favorable pour son utilisation avant l'obtention de cette dernière.
D’autres traitements à l’étude
Un autre anticorps monoclonal, l’advoralimab, est à l'étude. Promu par l’Assistance publique - Hôpitaux universitaires de Marseille (APHM), il a montré des premiers résultats encourageants chez les patients hospitalisés d’une pneumonie sévère. “Dans la première étude, nous avons uniquement analysé ce qu’il se passe dans l’organisme des patients, nous a partagé Éric Vivier, professeur d’immunologie à l’APHM et Directeur scientifique qui dirige l’étude FORCE qui analyse l’effet de l’avdoralimab. Ensuite, on a fait des tests sur des modèles de souris où l’on a mimé l’inflammation pulmonaire et montré que l’on peut la traiter avec l’anticorps advoralimab. Désormais, nous sommes dans une étude de phase 2 qui inclut 208 patients.”
Parmi les autres traitements à l’étude en France, les anticorps polyclonaux ont eux aussi montré des signes encourageants de réduction des risques pour les personnes infectées. Leur objectif est de réduire brutalement la charge virale et donc d’empêcher l’apparition de formes sévères. “Les premiers résultats obtenus avec des anticorps sont très positifs et indiquent que la situation s’améliore dans 50 à 75% des cas, nous a dévoilé Bernard Vanhove, directeur scientifique de la société nantaise Xenothera qui étudie ces médicaments contre le virus. On espère que les résultats sur une plus grande cohorte vont rester dans cette fourchette-là. Nous les attendons pour le début du mois de mai.”