Les femmes ont davantage de risque de dépression, en comparaison aux hommes. En revanche, ces derniers ont un risque plus élevé de souffrir de schizophrénie. Le risque de bipolarité est similaire que l’on soit un homme ou une femme, mais le diagnostic de la maladie et son évolution ne sont pas les mêmes. Ces différences liées au sexe ont intrigué une équipe de recherche de l’hôpital général du Massachusetts. Ils publient les conclusions de leur vaste étude dans la revue spécialisée Biological Psychiatry.
Une vaste étude sur le génome
Plus de 100 personnes ont participé à cette recherche : elles ont analysé les génomes de plus de 200 000 personnes. La moitié d’entre elles souffrait de troubles psychiatriques (schizophrénie, bipolarité, dépression sévère) et le reste des participants composait le groupe de contrôle. Ces investigations ont permis de constater que les gènes liés au système nerveux central, au système immunitaire et aux vaisseaux sanguins diffèrent entre les hommes et les femmes, concernés par ces troubles. Ces gènes n’interagissent pas de la même manière, et d’après leurs conclusions, ça n’est pas lié aux hormones. Par exemple, le gène contrôlant le facteur de croissance endothélial vasculaire ne s’exprime pas de la même manière chez les hommes et les femmes. Cette protéine est associée à la fabrication de nouveaux vaisseaux sanguins.
L’espoir de meilleurs traitements
"Nous avons recherché des gènes associés à ces pathologies pour identifier des cibles, liées au génotype, que nous pourrions traiter avec des médicaments", explique l’autrice principal de cette étude, Jill M. Goldstein. Son objectif est de développer des traitements plus efficaces, qui seront potentiellement différents selon le sexe. "La médecine s’est principalement construite sur des modèles masculins ou mâles chez les animaux, analyse-t-il. Nous devons développer des modèles de médecine de précision en intégrant les effets du sexe." Plusieurs chercheurs ont fait le même constat et appellent à différencier les traitements entre les hommes et les femmes. Par exemple, en décembre 2020, une étude a montré que les effets des médicaments contre la maladie d’Alzheimer n’étaient pas les mêmes selon le sexe. Quelques mois plus tôt, en juin, des chercheurs français constataient que la réaction immunitaire face au VIH n’était pas la même chez les femmes, en comparaison aux hommes : elles disposent d’un mécanisme génétique inné, qui permet un contrôle de la charge virale et bloque l’évolution de l’infection durant les premiers mois. Dans ce cas encore, tout est lié à la génétique !