Touchant plus de 21 millions de personnes à travers le monde, la schizophrénie est une maladie mentale due à des perturbations qui affectent certaines fonctions du cerveau, notamment la pensée, les émotions et le comportement des personnes qui en sont atteintes. Les symptômes incluent des hallucinations, des délires, des troubles de la pensée, des sentiments, du comportement, de la perception et de la parole. Ils ont un impact important sur la vie sociale et quotidienne des personnes qui en sont atteintes.
Plusieurs études antérieures ont déjà mis en lumière le caractère héréditaire de la schizophrénie : la maladie, due à des variations génétiques hétérogènes, se transmet souvent d’une génération à l’autre. C’est ce que l’on appelle l’hétérogénéité génétique : différentes anomalies des segments d'ADN présents dans les chromosomes peuvent conduire à la schizophrénie. Mais jusqu’à présent, les chercheurs n’étaient pas parvenus à isole les gènes individuels qui peuvent contribuer au développement de ce trouble mental.
Dans une étude récemment publiée dans la revue Neuron, des chercheurs de l'Institut Feinstein pour la recherche médicale et de l'Université de Columbia sont parvenus à trouver une nouvelle mutation génétique fortement liée à la schizophrénie. Leurs travaux pourraient ouvrir la voie à de nouveaux traitements.
Une étude menée sur des volontaires juifs ashkénazes
Cette découverte a été rendue possible par les caractéristiques génétiques spéciales des échantillons étudiés par l'équipe du Dr Todd Lencz, professeur en sciences du comportement à l’Institut Feinstein. L’équipe de recherche a mené ses travaux sur des patients schizophrènes et volontaires sains issus de la population juive ashkénaze, composée de peu de membres à travers le monde. Cela signifie que la diversité génétique de sa population est faible, ce qui facilite les études génétiques.
Les chercheurs ont prélevé un échantillon de 786 patients schizophrènes et de 463 témoins, analysant leurs génomes à la recherche de nouvelles variantes susceptibles de jouer un rôle dans la maladie. Après avoir recherché les gènes de facteurs de risque précédemment identifiés, les patients schizophrènes ont présenté des mutations dans un ensemble de gènes précédemment identifiés, renforçant ainsi les données déjà existantes.
Une mutation génétique qui perturbe les connexions cérébrales
Mais les chercheurs ont aussi découvert une nouvelle mutation : un changement de nucléotide unique dans un gène appelé PCDHA3 (Protocadherin Alpha 3), qui produit une une protéine jouant un rôle dans la création de connexions intercellulaires dans le cerveau.
Cette mutation génétique bloque directement l'action de cette protéine protocadhérine, identifiant un mécanisme possible par lequel les symptômes de la schizophrénie apparaissent.
"Outre nos principaux résultats concernant PCDHA3 et les gènes apparentés, nous avons pu, grâce aux caractéristiques uniques de la population ashkénaze, reproduire plusieurs résultats antérieurs concernant la schizophrénie, malgré des échantillons de taille relativement réduite, explique le Dr Lencz. Dans notre étude, nous avons démontré que cette population représente une stratégie intelligente et rentable pour identifier les gènes liés à la maladie. Nos résultats nous permettent de nous concentrer sur un nouvel aspect du développement et du fonctionnement du cerveau dans notre quête de nouveaux traitements pour la schizophrénie."
Désormais, l’équipe de recherche souhaite mener des études de plus grande envergure, sur des populations moins isolées, pour confirmer ces résultats.