Mauvais pour le cœur, les stéroïdes androgènes anabolisants (SAA) sont aussi néfastes pour le cerveau. C’est ce que met en lumière ne nouvelle étude publiée dans la revue en ligne Biological Psychiatry : Cognitive Neuroscience and Neuroimaging.
Les stéroïdes androgènes anabolisants sont une version synthétique de la testostérone, l’hormone sexuelle mâles. Bien que délivrés uniquement sur ordonnance, notamment dans le cadre des déséquilibres hormonaux, ces stéroïdes sont surtout majoritairement pris par des jeunes gens pour améliorer leurs performances physiques et développer leurs muscles. Et ce, malgré des effets secondaires avérés : outre les problèmes d’acné et une agressivité accrue, la prise de SAA renforce le risque cardiovasculaire et nuit à la fertilité masculine. Ces nouveaux travaux mettent en lumière un autre effet néfaste : ils font vieillir prématurément le cerveau.
Un vieillissement cérébral accéléré
Selon les auteurs de cette étude, les hormones stéroïdiennes pénètrent facilement dans le cerveau en se fixant sur les récepteurs cérébraux. Leur utilisation prolongée aurait un impact sur la fonction cognitive.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont réalisé des clichés cérébraux d’imagerie par résonance magnétique (IRM) de 130 haltérophiles masculins ayant des antécédents de consommation prolongée de SAA et de 99 haltérophiles n'ayant jamais utilisé de SAA.
Ils ont ensuite utilisé les données compilées de près de 2 000 hommes en bonne santé âgés de 18 à 92 ans pour déterminer l'âge cérébral de chacun des participants. Ils ont également déterminé l'écart d'âge cérébral, c’est-à-dire la différence entre l'âge chronologique de chaque participant et son âge cérébral prédit. Un âge cérébral avancé est associé à une altération des performances cognitives et à un risque accru de maladies neurodégénératives.
Ils ont alors constaté que les consommateurs de stéroïdes androgènes anabolisants présentaient un âge cérébral plus avancé que les autres haltérophiles. De plus, ceux qui étaient dépendants des stimulants de type amphétamine ou qui en consommaient depuis longtemps présentaient un vieillissement cérébral accéléré.
Améliorer la prévention auprès des jeunes hommes
Pour Astrid Bjørnebekk, chercheuse à la Division de la santé mentale et de la toxicomanie de l’hôpital universitaire d'Oslo (Norvège), ces résultats montrent bien que la consommation d’AAS est "associée à un vieillissement cérébral déviant, avec un impact potentiel sur la qualité de vie à un âge avancé". "Les résultats pourraient être directement utiles aux professionnels de la santé, et pourraient avoir des implications préventives, où les effets sur le cerveau sont également inclus dans l'évaluation des risques pour les jeunes hommes qui se demandent s'ils doivent utiliser des stéroïdes anabolisants", conclut-elle.