- Les chercheurs ont recueilli les données provenant de 398 villes de 22 pays/régions du monde pendant 45 ans pour estimer les effets à long terme du dioxyde d'azote sur la santé humaine.
- Une augmentation de 10 µg/m3 de la concentration de dioxyde d'azote est associée à une augmentation de 0,46 % des décès totaux, de 0,37 % des décès cardiovasculaires et de 0,47 % des décès respiratoires.
- Les chercheurs attribuent 1,23 % des décès enregistrés à une concentration de dioxyde d'azote supérieure au niveau zéro.
Hautement nocif pour l’environnement en provoquant, notamment, des pluies acides et en participant à la dégradation de la couche d’ozone et à l’effet de serre, le dioxyde d’azote (NO2) est aussi particulièrement néfaste à la santé humaine.
Dégagé lors de la combustion de combustibles fossiles, notamment lors de la circulation autoroutière, le dioxyde d’azote est notamment responsable de la formation des particules fines dans l’air ambiant. De nombreuses études ont déjà montré qu’il était impliqué dans les troubles respiratoires, les affections chroniques comme l’asthme et dans les perturbations du transport de l'oxygène dans le sang, en se liant à l'hémoglobine, ce qui a pour effet de diminuer la fonction pulmonaire.
Le dioxyde d’azote est mesuré en microgrammes (un millionième de gramme) par mètre cube d'air ou µg/m3. Les directives de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la qualité de l'air recommandent actuellement que les niveaux de dioxyde d'azote ne dépassent pas une moyenne annuelle de 40 40 µg/m3.
Dans une nouvelle étude, publiée dans le British Medical Journal (BMJ), une équipe internationale de chercheurs montre que la moindre augmentation des niveaux de dioxyde d'azote dans l'air pourrait être liée à une augmentation des décès d'origine cardiovasculaire et respiratoire.
1,23 % des décès attribuables à la pollution au dioxyde d’azote
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié les effets à long terme du NO2 en recensant les décès totaux, cardiovasculaires et respiratoires dans 398 villes de 22 pays/régions du monde à revenu faible ou élevé. Leurs résultats se basent sur les concentrations de NO2 dans ces 398 villes, prélevées quotidiennement de 1973 à 2018.
Des données météorologiques quotidiennes, notamment la température et l'humidité moyennes, ont également été enregistrées, et les registres de décès ont été obtenus auprès des autorités locales de chaque pays et/ou région.
Au total, 62,8 millions de décès ont été enregistrés sur la période d'étude de 45 ans. 19,7 millions (31,5 %) étaient des décès liés aux maladies cardiovasculaires et 5,5 millions (8,7 %) étaient des décès respiratoires.
En moyenne, une augmentation de 10 µg/m3 de la concentration de NO2 le jour précédent était respectivement associée à une augmentation de 0,46 %, 0,37 % et 0,47 % des décès totaux, cardiovasculaires et respiratoires.
Les chercheurs précisent que ces associations n'ont pas changé après ajustement des niveaux d'autres polluants atmosphériques courants, comme le dioxyde de soufre, le monoxyde de carbone, l’ozone et les particules fines de différentes tailles.
À partir de toutes ces données, les chercheurs estiment donc que la proportion de décès attribuables à une concentration de NO2 supérieure au niveau zéro était de 1,23 % dans les 398 villes.
Un besoin de renforcer les directives de qualité de l’air
Les chercheurs précisent qu’il s’agit d’une étude d’observation, et qu’elle ne donc pas établir avec certitude un lien de cause à effet. Toutefois, sa réalisation à très grande échelle, et sur une période de 45 ans "lui confère une puissance statistique énorme et garantit la stabilité des résultats, et l'uniformité des méthodes d'analyse, qui permet des comparaisons plus fiables entre les différentes régions et populations", soulignent-ils.
Les auteurs affirment que leur analyse "fournit des preuves solides pour les associations indépendantes de l'exposition à court terme au NO2 avec un risque accru de mortalité totale, cardiovasculaire et respiratoire ... suggérant un besoin de réviser et de renforcer les directives actuelles sur la qualité de l'air du NO2 pour un plus grand bénéfice pour la santé publique, et d'envisager une limite réglementaire pour la concentration moyenne quotidienne de NO2".
"Ces résultats contribuent à une meilleure compréhension de la manière d'optimiser les actions et les stratégies de santé publique pour atténuer la pollution atmosphérique", concluent-ils.